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du SALON DU LIVRE DES PAYS DE L'AIN |
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LITTERATURES de l'AIN |
Couronné d'un feuillage aux senteurs de résine,
Appuyé sur un cep il
dirige ses pas
Vers le séjour heureux de sa proche voisine,
L'accorte et
gente Bresse aux rustiques appas.
Celle-ci, tout d'abord, entend un doux murmure,
Puis reconnais la voix et
bientôt aperçoit
L'aimable promeneur couvert de sa ramure,
Le plus beau,
le plus gai, le plus galant qu'il soit !
Promptement elle accort, abandonnant ses gerbes ;
Et son accueil se fait
au milieu des moissons,
Tandis que les grillons criquètent dans les
herbes
Et que les oiselets trillent dans les buissons.
Qu'elle est donc ravissante avec sa coiffe blanche,
En robe de futaine, en
sabots, sans apprêts,
La main droite tendue et l'autre sur la
hanche,
Faisant tous les honneurs de ses riches guérêts !...
Ainsi que l'on effeuille un vieux bouquet de roses
Afin d'y retrouver un
parfum délaissé,
Ils devisent tous deux, de mille et mille choses
En se
remémorant leur antique passé.
Ce passé leur est cher : bien souvent dans la joie
Comme dans l'infortune,
ils unirent leurs coeurs ;
Et sous le sceptre aimé des princes de
Savoie,
Ils prirent leur essor vers les mêmes splendeurs.
Pour immortaliser, d'ailleurs, toute l'histoire
De leurs comtes et ducs,
et de ce temps béni,
Il suffisait, à Brou, du splendide oratoire
Ciselé
dans le marbre et dans le dur granit.
Mais depuis trois cents ans, le drapeau de la France
Les rassemble à
jamais sous ses plis glorieux :
C'est ce que l'un et l'autre, enivrés
d'espérance,
Redisent en ce jour à la face des cieux.
Ils font aussi serment, malgré leurs goûts champêtres,
De braver le péril
et, courageux enfants,
De défendre le sol et la foi des Ancêtres,
En
s'entr'aidant toujours pour être triomphants !
Edmond
Chapoy