Claude Mermet

Claude Mermet est né à saint Rambert vers 1551. On ne sait trop où il fit ses études, peut_être à Turin. On le retrouve professeur, puis principal du collège de Saint-Rambert.

En 1583, il publie un traité de pédagogie, "Pratique de l'orthographe françoise, avec la manière de tenir livre de raison, ceducales et lettres missives". Puis, on a de lui :
- La boutique des usuriers, où il s'en prend aux usuriers.
- "Venue et résurrection de Bon-Temps, avec le bannissement de Chière sayson", qui traite d'une pénurie de blé à Lyon.
- "Temps Passé", 1585, dans lequel l'auteur se livre à une satire du genre humain.
On lui doit quelques autres petites pièces, dont une "Consolation des mal mariés", où il est plus "gaulois", et se gausse de la femme.



Autant vaille comme les marchandises,
Dont finement ton usure deguises :
Car de plus grand larcin tu n'userois
Quand argent sec leur valleur recevrois.
Par ainsi donc, quel fard que tu y boutes,
Le pain moillé doibt tousjours valloir souppes.

Pour mieulx venir au comble de ton compte,
Meine tes faicts si très accortement
Que chacun ait de toy le jugement
Par un faulx rys et parler bien affable,
D'un homme sainct, courtois et charitable.

Et si quelqu'un y trouvait à redire,
Dis-luy tout court, te prenant à sourire,
En le mordant : "sçais-tu pas qui ne robbe
Au temps present que jamais ne faict robbe ?"

Mais fais que soit un peu après la prise
Que d'amasser bleds fera l'entreprise,
En le gardant tel qu'il est, quoy qu'il coste
A tout le moins jusqu'à la Pentecoste.
Puis tu verras par les mesmes grenettes,
Ou tu auras faict si belles emploittes,
Une meschante sorcière à maigre mine
Qu'appellée est des pauvres la Famine,
Qui s'en viendra devers toy s'adresser,
Et tu sauras fort bien la caresser
Pour les thrésors qu'elle t'apporteras.



Un grand mocqueur, riche bourgeois,
Maria sa servante enceinte
A un pauvre sot villageois
Qui n'en osoit faire sa plaincte :
Le maistre attainct de mesme attaincte,
Se mariant puis tout exprès,
Print une fille toute saincte
Qui fit l'enfant trois mois après.



Tu baises, tu tiens par la main
La folle pleine de richesse ;
Mais de la pauvre pécheresse
Tu dis que c'est une putain.



Si par nature elle est opiniastre,
Commande luy toute chose a rebours,
Et tu seras servy suyvant le cours
De ton dessein, sans frapper ny sans battre.

...Si elle fait à tes amis service
De corps et biens, par libéralité,
Elle vaut plus que tu n'as mérité :
Elle n'est point subjette à l'avarice.

...Si elle court et souvent se pourmeine
Par cy, par là, n'a-t-elle pas raison ?
C'est pour laisser la paix en ta maison :
Quand elle y est trop de bruit elle y meine.



L'Adieu à la Ville de Saint-Rambert

Adieu barbiers, cordonniers, couturiers
Adieu bouchers, mareschaux, serruriers,
Adieu pescheurs de truites, et dormilles,
Adieu joueurs de cartes et de quilles,
Adieu massons, charpentiers, artisans,
Gens de mestier, travailleurs, païsans,
Adieu varlets, chambrières, musnières,
Et celles-là dont le nom fine en yères>






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