ANTOINE DU SAIX


Antoine du Saix serait né vers 1504 ou 1505, dans une honarable famille de la province de Bresse. Le village du Saix est situé au sud de Bourg en Bresse, dans la forêt de Seillon. Plusieurs membre de cette famille occupèrent des charges importantes auprès des souverains de Savoie, entre 1150 et 1450, tout en ayant un penchant certain pour le royaume de France.
Antoine du Saix avait 17 frères et soeurs!
Il accède très vite à la prêtrise, devient aumônier du Duc de Savoie, puis une charge de chanoine en l'église de Bourg, en 1541. Il mène parallèlement une carrière politique.
Cet homme d'église, est un bon diplomate, et un fin lettré, type même de l'homme cultivé de l'époque.



Parmi les extraits que nous donnons le premier vient du "Blason de Brou", pour glorifier l'Eglise de Brou et Marguerite d'Autriche. Le second est tiré de "L'Eperon de Discipline", qui est une compilation de conseils de pédagogie à l'usage des parents. Le troisième est plus dur, puisqu'il s'en prend aux mères qui n'allaitent pas leurs enfants.



Que si voulez la place sumptueuse
Par le menu deschiffrer en detail,
En y joignant le pulpitre et portail,
Où trouvez-vous de si triumphant lustre
Taillez en pierre, architraves, balustre,
Pente dantique et beaulx soubbassementz,
Frises, molleure et armotissementz,
Grand cul de lampe et clavettes persées,
Coronementz, coquilles renversées?
De veoir cela qui pourrait estre las?
Les bestions, vignettes et entrelas
Et piedextra, candelabres, cornisses,
Medailles grands, qui ne sont de corps nices,
Mais bien formez et au vif si touchantz,
Qu'ilz ont deceu maintes gentz attouchantz,
Lesquels pensoyent que ce fussent statures
De corps humains et vives creatures.



Tout aussy tost qu'ung enfant sçait parler,
A discipline il est prompt et docile:
Car il n'est point d'eage si imbecille
En corps humain, auquel ne soit boutté
Quelque rayon de divine bonté,
Qui est tousjours prest, apte et convenable
De recepvoir doctrine raisonnable,
Et qui le veult croistre et multiplier,
L'heure propice il y fault emplier.



Dictes moy donc mes dames les femelles,
Aqoy vous sont données vos mammelles?
Dieu la il faict pour présentation,
Et seulement pour ostentation,
Que les portiez poingnants et haultelettes
Comme deux oeufs, troussées rondelettes,
Sans qu'il y ait confederation,
Mais soyent tousjours en separation
L'un de l'aultre, ett en haine mortelle?
Les avez vous, pour en faire fin telle?
Et les enfler, quand on y va touchant,
A celle fin d'engluer le merchant,
Chetifz meschant, pris en vostre pippée?



MORALITÉ.

Quand vous direz. " Enfants, vous n'estes rien,
Si, avant tout, vous n'estes gens de bien ",
C'est fort bien dit, cela ne peut que plaire;
Mais aux propos faut joindre l'exemplaire.
Petits enfants, singes souples et gais,
Merles, linots, pies et pape-gais,
Disent et font ainsi qu'ils ont vu faire,
A tout le moins, le veulent contrefaire.
Les voulez-vous prescher de netteté,
Si estes plein de malhonnesteté ?
Celui a beau parler d'estoc et taille,
Qui le premier s'enfuit de la bataille
Socrate a dit, de sagesse pourvu :
"Sois toujours tel que tu veux estre vu."



SUR LA CONCEPTION DE LA VIERGE.

Comme en la fleur descend doulce rosée,
Dont fruit procede et vient en la saison
Comme au miroir entre face opposée,
Et doulcement comme pluie en toison;
Comme une voix pénetre en la maison,
Sans ouverture, et au coeur la pensée,
Soleil en vitre, et par ce n'est percée :
Ainsi Jésus, pour prendre humanité,
Vint en Marie, et n'en fust one blessée,
Mais demeura mere en virginité



...






     Retour page ANTHOLOGIE