Antoine Favre

Né à Bourg en Bresse le 5 octobre 1557.
Un de ses ancêtres fut secrétaire de la comtesse Bonne de Bourbon, grand-mère et tutrice d'Amédée VIII, et se fixa à Chambéry. Mais les membres de la famille gardèrent de nombreuses attaches dans les Pays de l'Ain. Antoine Favre fit ses premières études au collège de Meximieux, puis partit sur Paris faire ses humanités chez les Jésuites. En 1574, il revient à Bourg en Bresse, puis va se perfectionner en droit à l'Université de Turin. En 1581, il publie son premier ouvrage, les "Conjecturarum juris civilis libri tres". Ses oeuvres juridiques, en latin, représentent 10 volumes in-folio.

En 1589, il offre à Charles-Emmanuel, duc de Savoie, une tragédie en 5 actes et en vers : "Les Gordians et Maximins ou l'Ambition, oeuvre tragique, Premiers et derniers Essays de poésie d'Antoine Favre". C'est une sombre histoire se déroulant dans l'antique Rome. On est très loin de la poésie légère de quelques-uns des contemporains de Favre.



Pendant que la justice aux armes commandoit,
Que le peuple adouci soubs le frein se bridoit
Des sacrés Magistrats, du Sénat venerable
Dans l'honneur grave-sainct, à soi mesme admirable,
Horrible aux ennemis, monstroit de toutes parts
La majesté de Rois sur le front des vieillards.


En 1595, Antoine Favre écrit une "Centurie premiere de sonets spirituels de l'amour divin et de la penitence", dédiée à François de Sales. Cet opuscule est suivi par les "Entretiens spirituels d'Antoine Favre Président du Genevois, divisés en trois centuries de sonets, avec une centurie de quatrains, dédiés à Madame Marguerite princesse de Savoye". Oeuvre de poésie religieuse et morale.


Esprits lourds, et charnelz qui ne pouvez comprendre
La verité d'un Dieu, si le corps ne le voit,
Adjoustants plus de foy à l'oeil qui vous deçoit
Qu'a la foy qui voit plus qu'on ne sçauroit entendre.

........................................

Pauvre condition de l'humaine impudence.
Qui comme pour garends de tes infirmités
Tiens ordinairement assis a tes costés
Le peché d'une part, de l'autre l'ignorance.

........................................

De tous les ennemis qui combatent noz ames,
Les plus traistres assauts sont ceux de nostre chair,
Tant elle est domestique, et prompte à rechercher
De nous perdre à tous coups par ses ruses infames.



Mille fois j'ay requis pardon de mes offences,
Jurant d'estre à Dieu seul s'il me les pardonnoit,
Mille fois il m'a dit que grace il me donnoit,
Acceptant mon devoir pour mille penitences :

Mais maintenant où sont tant de vaines jactances ?
Où sont ces pleurs de sang que mon coeur exhaloit ?
Où est ce repentir, qui mon Dieu contraignoit
D'infirmer pour si peu ses plus justes sentences ?

Quelle inconstance, hélas, quelle legereté !
Qui d'un Dieu si constant croule la fermeté !
Quel miracle, que Dieu pour l'homme se demente !

O Dieu, ren moy constant, si tel estre tu veux,
Mais pour me rendre tel, fay moy rendre mes veus,
Dont le plus constant soit, que plus je ne te mente !






     Retour page ANTHOLOGIE