Mille fois j'ay requis pardon de mes offences,
Jurant d'estre à Dieu seul s'il me les pardonnoit,
Mille fois il m'a dit que grace il me donnoit,
Acceptant mon devoir pour mille penitences :
Mais maintenant où sont tant de vaines jactances ?
Où sont ces pleurs de sang que mon coeur exhaloit ?
Où est ce repentir, qui mon Dieu contraignoit
D'infirmer pour si peu ses plus justes sentences ?
Quelle inconstance, hélas, quelle legereté !
Qui d'un Dieu si constant croule la fermeté !
Quel miracle, que Dieu pour l'homme se demente !
O Dieu, ren moy constant, si tel estre tu veux,
Mais pour me rendre tel, fay moy rendre mes veus,
Dont le plus constant soit, que plus je ne te mente !
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