Toux.
§.1. Qui est travaillé de la toux, doibt prendre garde au regime de vie ; user
de peu de nourriture, fort facile à digérer : éviter les choses acres, salées,
acides, et ameres : les fruits cruds, les herbes crues ; le froid, le feu,
beaucoup plus la fumée : le grand air, beaucoup plus le vent, et le soleil.
Outre tout cela, la toux est seche, avallez l'eau distillée des fleurs blanches
de nymphaea, que nous appellons lys d'estang. Cette eau, avallée de mesme,
servira encore pour appaiser la soif, que souffre les febricants, et attirée
par le nez, elle appaisera la douleur de la migraine, et de tout autre mal de
teste, provenu de cause chaude.
§.2. Un demy verre d'eau tiede, meslée avecs.q. de succre fin, ou de belle
cassonade, avallé loing des repas, est bon à la toux : qui voudra y pourra
mesler un peu de vin, parfaictement meur, et nullement fumeux.
§.3. Un ou deux oignons blancs, qui ne sont point si acres que les rouges,
bien cuicts soubs les cendres, nettoyés, et mis dans un plat, avec huile d'olive
doux, et succre fin, sans vinaigre, ont fait non seulement passer la toux,
mais encor l'asthme, quoyque tres violent. On mange ces oignons le soir, deux
ou trois heures apres un leger soupper, et on continue autant que la cessité
dure. Ce remede est plus propre pour l'hyver, que pour l'esté.
§.4. La decoction de l'orvale qu'on appelle aussi toute bonne, a guery beaucoup
de personnes de la toux, de mesme que la poudre de la mesme herbe, meslée avec
miel, et avallée. Le suc du marrube blanc, meslé aussi avec miel, se donne
encor contre l'asthme, et la phthisie. Il est vray que comme ces deux plantes
sont assez chaudes, c'est de la prudence du Medecin, de meurement considerer,
quand, à qui, et comment il les donnera, proportionnat la dose à la constitution
du malade, et ne les donnant pas, s'il y a beaucoup de chaleur d'ailleurs.
L'esprit de soulphre, ou de vitriol, meslé en fort petite quantité avec quelque
boisson douce, profite à la toux, mais il ne faut point de laict dans cette
boisson, qui pourra estre adoucie avec le succre, ou bien le reglisse.
D'ailleurs l'esprit de vitriol doibt estre parfaitement meslé avec son vehicule,
autrement il ira au fond, et qu'on se souvienne bien de n'en point donner aux
picrocholes.
§.5. Une pinsée de soulphre en poudre, meslée avec un jeune d'œuf frais, à demy
cuict, et avallée au matin à jeun, cinq jours durant pour un adulte, et pour un
enfant trois jours, faict passer quelque toux que ce soit, si ce n'est qu'elle
fust grandement inveterée, parce qu'en ce cas là, il faudroit pousser un peu
plus avant le remede.
§.6. Si vous avez une humeur subtile, qui vous tombe sur la poictrine, et qui
vous cause une toux fascheuse, avallez durant le besoin, le matin, en sortant
du lict, et le soir, en y entrant, pourveu que rien autre n'empesche,
chasquefois une demy escuellée au moins, de laict de vache, fraischement tiré,
autant chaud, que vous le pourrez souffrir, dans lequel vous avez demeslé peu
auparavant une ou deux cueillerées de succre fin, ou de belle cassonade.
Les pauvres qui n'auront ny succre, ny cassonade, y esmieront du pain.
§.7. Les bayes de genevre, bien nourries, et bien meures, si apres les avoir
concassées vous les mettez l'espace de 24 heures dans un seau de bois, avec
excellent vin blanc, en suite que vous les pressiez, pour en faire sortir le suc
qu'il faudra puis cuire à feu clair, et lent, y mettant sur la fin quelque peu de
canelle, et de gyrofle, mais beaucoup, plus de cassonade, vous donneront une
composition, appellée communement, theriaca Germanorum, qui servira non seulement
contre la toux, provenue de cause froide, mais encor contre les poisons qui ne
soyent pas corrosifs, car pour ceux là elles seroit plustost contraire ; de plus
contre l'asthme, et contre les morsures de bestes venimeuses. La poudre des
escrivices de riviere, meslée s'il se peut de gentiane, ou d'angelique, servira
de plus contre la morsure d'une beste enragée ; contre laquelle servira aussy la
terre de malthe, avallée, ou appliquée, et l'oignon crud, pilé avec miel, et sel,
puis appliqué, apres pourtant que la morsure aura esté bien lavée avec vin tiede.
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