Antoine GOLLETY



Antoine Gollety naît le 21 décembre 1607 à Attignat en Bresse, cadet de trois enfants, Charles et Clauda étant les aînés. Leur père, Philippe Gollety, était notaire royal et curial à Attignat.
Après avoir fait ses études chez les Jésuites, il est admis dans leur compagnie le 16 septembre 1627. A 20 ans à peine, il entre au Collège de la Trinité, à Lyon, où il enseignera quelques 24 ans durant : la rhétorique, la philosophie et la théologie morale.

On lui doit de nombreux écrits tans en latin qu'en français : ouvrages religieux, mais aussi recueils d'épigrammes, traités d'herboristerie.

Il meurt à Lyon le 26 mai 1696.

Principaux ouvrages d'Antoine Gollety :

- 1657 : "Les Muses d'Attignat", composées de six livret contenant des épigrammes, des idylles et des poèmes. Ils sont dédiés respectivement à Pierre Marnays, sénateur ; Claude Chavary de Cabassole ; Joseph de Rovorée, seigneur d'Attignat ; Balthazar de Merle de Beauchamp ; Jean-Claude Charbonnier de Crangeac, conseiller du Roi ; Marc-Antoine Granier, abbé d'Entremont, seigneur du Petit-Bornand.

- 1675 : 4 livrets d'épigrammes latines et françaises.

- 1676 : Odes choisies d'Horace.

- 1685 : Epigrammes choisies de Martial.

- 1690 : "Les Remèdes choisis de l'herboriste d'Attigna", édition première.

- 1694 : "Les Petits secrets de l'herboriste d'Attigna".

- 1695 : "Médecine aisée de l'herboriste d'Attigna".

- "Les Satires de Juvenal", manuscrit, textes accompagnés de claires explications.
- "Paradisus Liliorum : la vie des saints de la Maison de France", manuscrit.


Escroüelles.

§.1. Les escroüelles sont fermées quelquefois, et quelquefois ouvertes. Aux escroüelles fermées, les feüilles recentes du cynoglossum, appliquées : on les change tous les jours, et on en met deux, l'une sur l'autre.

§.2. Au escroüelles, fermées encor, les feüilles recentes de la grande scrophulaire masle, broyées, et appliquées en cataplasme, qu'il faut changer tous les jours.

§.3. Aux escroüelles ouvertes, les feüilles recentes du cynoglossum, duquel nous avons déjà parlé, pilées, et appliquées avec leur suc : ou les feüilles de la nicotiane : ou l'emplastre de ceruse, marqué au Chapitre 1. §.6.

§.4. Aux escroüelles ouvertes encor, une limace rouge, appliquée vive, le ventre contre le mal, en esteint la malignité, pourveu qu'on l'y laisse, jusqu'à ce qu'elle soit morte : il faut pourtant penser ensuite les mesmes escroüelles comme on penseroit un simple ulcere.
















Verole.

§.1. Nous parlons de la petite verole, qui travaille plus souvent les enfants, que les adultes. Les cordiaux, comme sont l'orvietan, la theriaque, le mithridat, la poudre de viperes, soulagent les verolez, à cause qu'ils combattent le venin de la verole. Le grand air ne leur vaut rien. Ceux qui ont moyen de faire quelque despense, doibvent employer le sang de pigeon, qu'on tire d'une veine, qui est dessoubs l'aisle, le malade en boit sur le champ deux cueillerées, pour faire sortir la verole ; et quand elle est sortie, on en met sur les boutons, qu'on y laisse secher, mais on ne les perce pas.

§.2. Les racines de la scorsonere, du sersifis, et du barbebouc, sont propres pour les verolez ; on en faict des bons boüillons, ou des simples decoctions. Propres aussy les ptisanes pectorales, rendues acides moderement, mais non pas trop, par quelques gouttes de l'huile, ou de l'esprit, comme d'autres l'appellent, du soulphre, ou du vitriol, qui serviront aussy contre les vers, la toux, l'asthme, le crachement de sang, palpitation de cœur, foiblesse, et douleur d'estomach, faim canine, passion iliaque, hemorrhoi-des, flux de sang, flux de ventre, debilité de tout le corps, inappetance, soif extraordinaire, et quantité d'autres incommoditez.

§.3. Maintenant pour la grosse verole, de laquelle je ne dirois rien, si je ne considerois que ceux qui la prennent par leur incontinence, je propose un apozeme, qui servira beaucoup, pourpeu qu'il soit pris aussy tost que le mal aura le moindre soupçon : Mettez dans quelque vase bien net, dix grands verres d'eau de fontaine, ou de riviere, fort claire, avec quatre onces de mercure crud, comme on l'a tiré de la mine, passé passé par la peau de chamois, et une grosse poignée de la petite centaurée rouge : l'eau ayant boüilly deux heures, à un feu clair, et lent, vous la passerez par un linge net, en sorte que la centaurée reste avec le mercure dans le vase, dans lequel vous remettrez encore autant d'eau, que vous ferez boüillir deux autres heures ; l'ayant coulée comme la premiere, versez ces deux couleures, avec le mercure, dans une fiole de verre double, que vous boucherez exactement ; mais ne coulez point ces deux eaux là, qu'elles ne soyent quasi froides, et quand vous les verserez pour en boire, versez les doucement et par inclination, afin que le mercure ne sorte pas, qui pourra servir pour autant d'autres de-coctions, qu'il vous plaira, sa vertu ne diminuant point par semblables operations. Celuy, qui apprehendera d'estre attaint du mal, avallera de cette eau mercuriale, qui est ausy un excellent remede contre les vers qui sont dans le corps, un grand verre au matin, à jeun.


Toux.

§.1. Qui est travaillé de la toux, doibt prendre garde au regime de vie ; user de peu de nourriture, fort facile à digérer : éviter les choses acres, salées, acides, et ameres : les fruits cruds, les herbes crues ; le froid, le feu, beaucoup plus la fumée : le grand air, beaucoup plus le vent, et le soleil. Outre tout cela, la toux est seche, avallez l'eau distillée des fleurs blanches de nymphaea, que nous appellons lys d'estang. Cette eau, avallée de mesme, servira encore pour appaiser la soif, que souffre les febricants, et attirée par le nez, elle appaisera la douleur de la migraine, et de tout autre mal de teste, provenu de cause chaude.

§.2. Un demy verre d'eau tiede, meslée avecs.q. de succre fin, ou de belle cassonade, avallé loing des repas, est bon à la toux : qui voudra y pourra mesler un peu de vin, parfaictement meur, et nullement fumeux.

§.3. Un ou deux oignons blancs, qui ne sont point si acres que les rouges, bien cuicts soubs les cendres, nettoyés, et mis dans un plat, avec huile d'olive doux, et succre fin, sans vinaigre, ont fait non seulement passer la toux, mais encor l'asthme, quoyque tres violent. On mange ces oignons le soir, deux ou trois heures apres un leger soupper, et on continue autant que la cessité dure. Ce remede est plus propre pour l'hyver, que pour l'esté.

§.4. La decoction de l'orvale qu'on appelle aussi toute bonne, a guery beaucoup de personnes de la toux, de mesme que la poudre de la mesme herbe, meslée avec miel, et avallée. Le suc du marrube blanc, meslé aussi avec miel, se donne encor contre l'asthme, et la phthisie. Il est vray que comme ces deux plantes sont assez chaudes, c'est de la prudence du Medecin, de meurement considerer, quand, à qui, et comment il les donnera, proportionnat la dose à la constitution du malade, et ne les donnant pas, s'il y a beaucoup de chaleur d'ailleurs. L'esprit de soulphre, ou de vitriol, meslé en fort petite quantité avec quelque boisson douce, profite à la toux, mais il ne faut point de laict dans cette boisson, qui pourra estre adoucie avec le succre, ou bien le reglisse. D'ailleurs l'esprit de vitriol doibt estre parfaitement meslé avec son vehicule, autrement il ira au fond, et qu'on se souvienne bien de n'en point donner aux picrocholes.

§.5. Une pinsée de soulphre en poudre, meslée avec un jeune d'œuf frais, à demy cuict, et avallée au matin à jeun, cinq jours durant pour un adulte, et pour un enfant trois jours, faict passer quelque toux que ce soit, si ce n'est qu'elle fust grandement inveterée, parce qu'en ce cas là, il faudroit pousser un peu plus avant le remede.

§.6. Si vous avez une humeur subtile, qui vous tombe sur la poictrine, et qui vous cause une toux fascheuse, avallez durant le besoin, le matin, en sortant du lict, et le soir, en y entrant, pourveu que rien autre n'empesche, chasquefois une demy escuellée au moins, de laict de vache, fraischement tiré, autant chaud, que vous le pourrez souffrir, dans lequel vous avez demeslé peu auparavant une ou deux cueillerées de succre fin, ou de belle cassonade. Les pauvres qui n'auront ny succre, ny cassonade, y esmieront du pain.

§.7. Les bayes de genevre, bien nourries, et bien meures, si apres les avoir concassées vous les mettez l'espace de 24 heures dans un seau de bois, avec excellent vin blanc, en suite que vous les pressiez, pour en faire sortir le suc qu'il faudra puis cuire à feu clair, et lent, y mettant sur la fin quelque peu de canelle, et de gyrofle, mais beaucoup, plus de cassonade, vous donneront une composition, appellée communement, theriaca Germanorum, qui servira non seulement contre la toux, provenue de cause froide, mais encor contre les poisons qui ne soyent pas corrosifs, car pour ceux là elles seroit plustost contraire ; de plus contre l'asthme, et contre les morsures de bestes venimeuses. La poudre des escrivices de riviere, meslée s'il se peut de gentiane, ou d'angelique, servira de plus contre la morsure d'une beste enragée ; contre laquelle servira aussy la terre de malthe, avallée, ou appliquée, et l'oignon crud, pilé avec miel, et sel, puis appliqué, apres pourtant que la morsure aura esté bien lavée avec vin tiede.




Epitaphe d'un envieux

Ne vous arrestez pas aux traits de la figure,
Qui couvre le dehors de cette sépulture ;
C'est un monstre, en effet, qui couve le dedans :
Ce monstre, envenimé du fiel de son envie,
Ayant icy mordu tous ceux qu'il vid en vie,
Alloit mordre les morts s'il n'eut perdu les dents.


(Musae Attiniacenses sive carminium libri VI, 1657, Lyon)




De Glycera et Sabello

Nuper Sabello pauperi
Glyceram roganti divitem,
Ut vellet esse uxor sua ;
Lepide jocans ait haec anus :
Ego libens essem tua,
Nisi tu libens esses mea.


Sur Glycère et Sabellus :

Dernièrement Sabellus peu fortuné
Demandait à la riche Glycère
De bien vouloir être sa femme.
La vieille répondit en plaisantant :
Je serais volontiers ton bien,
Si de ton côté tu n'en voulais aux miens.


(Musae Attiniacenses sive carminium libri VI, 1657, Lyon)




Du Jugement

Mortels, qui courez aux délices,
Et qui lâchez la bride aux vices,
Sans faire de réflexions
Capables d'arrester vos dissolutions :
Souvenez-vous de la sentence, Qui se donne en dernière instance,
Aussitôt après le trespas !
Insensez, vous n'y songez pas !
Mais un jour, decheus de la gloire,
Et plongez dans les feux, vous direz hautement :
Trop tard, trop tard vient la mémoire,
Qui vient après le jugement!


(Musae Attiniacenses sive carminium libri VI, 1657, Lyon)




Blason d'un gourmand

Gason, quand il en peut avoir,
Met toutes ses dents en devoir
Jamais on ne vit telles meules.
Veux-tu connoigtre ce Gason ?
J'en auray tost fait le blason :
Il porte simplement des gueules.


(Musae Attiniacenses sive carminium libri VI, 1657, Lyon)




Nonne vides velli variis mortalia curis
Pectora, per miseros errare ferociter artus,
Infamem maculis, et iniqua cuspide pestem ?
Nonne vides fuso campos stagnare cruore ?
Impridem, horrendis Bellona armata flagellis,
Saevit, et immanes immani murmure rixas
Excitat : implentur stridentibus aequora telis.


Ne vois-tu pas d'innombrables inquiétudes assiéger le cœur des mortels ? La peste recouvrir cruellement leurs misérables membres de ses souillures, et les transpercer de son impitoyable aiguillon ? Ne vois-tu pas les champs noyés dans le sang ? Depuis longtemps, armée de ses terribles fouets, Bellone fait rage et soulève dans un tumulte sauvage ses sauvages querelles. L es mers retentissent du fracas de ses foudres.

(Musae Attiniacenses sive carminium libri VI, 1657, Lyon)






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