Dans son lit de granit, creusé dans la vallée,
Oh ! que j'aime la voir bondir échevelée,
Avec ses pieds d'argent, sous les peupliers verts :
Oh ! que j'aime la voir dans sa couche en désordre
Se rouler, s'agiter, et de ses baisers mordre
Ses écueils d'écume couverts.
Oh ! que j'aime la voir encor pantelante,
Et le sein frémissant se coucher nonchalante
Pour dormir mollement à l'ombre des îlots,
Puis quitter à regret ces bords qu'elle idolâtre
En leur jetant l'adieu de sa faveur folâtre
Avec les larmes de ses flots.
(L'Albarine)
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