JERÔME LALANDE



Joseph Jérôme Lefrançais de Lalande (dit Lalande) est né à Bourg-en-Bresse le II juillet 1732. Faisant son droit à Paris, il rencontre l'astronome Delisle chez un de ses professeurs et en suit les cours au Collège de France (seul élève, paraît-il...). C'est le moment où se prépare la célèbre campagne astronomique de 1751, qui offre réellement le premier exemple de coopération scientifique internationale, avec ses sept stations principales d'observation s'étendant du Cap à Stockholm : il s'agissait, à partir d'observations coordonnées, d'obtenir les distances (plus précisément les parallaxes) de la Lune et de Mars. Lalande va occuper la station de Berlin, il y fait un excellent travail, ce qui lui ouvre les portes de l'Académie des sciences dès 1753.

Chargé par celle-ci de la Connaissance des Temps, qu'il édita de 1760 à 1775 (et plus tard de 1794 à 1807), il joua aussi un rôle important dans les deux opérations internationales de 1761 et 1769 relatives à l'observation du passage de Vénus devant le Soleil, destinées à la détermination de la parallaxe solaire. Le cours qu'il fit au Collège de France à partir de 1751 était célèbre, comme le furent longtemps ses ouvrages d'enseignement et de vulgarisation. Son érudition, son originalité (il gobait des araignées afin de guérir la peur chez ceux qui y sont sujets à leur vue...), son caractère généreux et emporté en faisait un personnage hors du commun. Il mourut le 4 avril 1807, apparemment de la tuberculose.

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Les éclipses vues par Jérôme LALANDE, directeur de l’Observatoire, et Inspecteur du Collège de France, en 1795, dans " Astronomie des Dames " :  

Des Eclipses.

Le calcul des Eclipses est la chose qui étonne le plus dans les recherches des Astronomes; mais c’est parce que le spectacle en est plus frappant pour le Public; car la difficulté n’est pas plus grande que celle des autres parties de l’Astronomie. Les éclipses totales de Soleil sont sur-tout remarquables; on passe dans un instant du jour le plus éclatant à une obscurité plus grande que celle de la nuit ordinaire, du moins plus sensible et plus frappante; les chevaux sont obligés de s’arrêter dans le milieu du chemin, ne sachant où mettre le pié; la rosée commence à tomber, par l’interruption subite de la chaleur; les oiseaux même retombent vers la terre par l’effroi que leur cause une si triste obscurité. Il n’y a eu depuis longtems, à Paris, d’autre éclipse totale que celle du 22 Mai 1724, et il n’y en aura point dans le reste du siècle, ni même dans tout le siècle suivant, comme je m’en suis assuré pour satisfaire la curiosité de Louis XV, qui désiroit beaucoup de le savoir. Il y aura seulement une éclipse annulaire en 1847 comme en 1748 et 1764, dans lesquelles le Soleil déborde la Lune tout autour et forme un anneau de lumière.

La trace de l’orbite de la Lune dans le Ciel est différente de cinq degrés de celle du Soleil, c’est à dire de l’écliptique; mais elle la coupe en deux points que l’on appelle les nœuds; la Lune passe tous les quinze jours dans un de ces nœuds, et si le Soleil se trouve dans le même endroit, la Lune nous le cache; ce qui fait l’éclipse de Soleil; ou bien si elle est à l’opposite du soleil, elle est cachée par la terre, ce qui fait une éclipse de Lune.

Ainsi il doit y avoir éclipse au moins deux fois l’année, dans les nouvelles Lunes ou dans les pleines Lunes, qui arrivent quand le Soleil se trouve vers un des deux points du Ciel où sont les nœuds; mais ces éclipses ne sont pas toujours visibles pour nous, parce que la Lune ne peut cacher le Soleil qu’à une petite partie de la terre. En 1786 nous n’avions aucune éclipse à Paris.

Il peut arriver six ou sept éclipses dans la même année, pour différens pays de la terre, parce qu’il n’est pas nécessaire que le Soleil réponde précisément aux nœuds de la Lune pour qu’il y ait éclipse; la largeur de ces deux astres suffit pour qu’ils paroissent se toucher, sans qu’ils répondent précisément au même point du Ciel; et la largeur de la terre fait que la Lune peut cacher à un pays le bord du Soleil, quoiqu’elle soit éloignée de plusieurs degrés du nœud ou de l’intersection des deux orbites.

Les éclipses reviennent à peu près dans le même ordre au bout de dix-huit ans et dix jours; cette remarque importante et curieuse, qui avoit été faite plus de 600 ans avant l’ère vulgaire, servit peut-être à Thalès pour prédire aux Ioniens une éclipse totale de Soleil qui arriva pendant la guerre des Lydiens et des Mèdes; les uns rapportent cette éclipse à l’an 585; d’autres à l’année 621 avant l’ère vulgaire. Au reste, ce qu’Hérodote dit de cette prédiction est si vague, qu’il est encore douteux qu’elle ait jamais été faite réellement.
(d'après : http://www.ac-reims.fr/datice/sc_physiques/Eclipse/histoire.htm)



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