LE TAILLEUR D'EMPIRE
Tu te souviens, Papa, tu taillais mes crayons,
Mes crayons de couleurs dans leur boîte de fer !
Ce moment maintenant, sans fin je le vénère.
C'est si loin quand j'étais ton tout petit garçon !
Tu sortais ton couteau, son beau manche en laiton
Où des chasseurs charmaient tout mon imaginaire,
Et dans ton coeur adroit de tailleur et de père,
Tu sculptais mon futur en plus de mes crayons.
Tu me disais de bien travailler à l'école,
Moi je fixais tes mains et buvais tes paroles.
Les crayons retrouvaient leur mine et leur sourire
Sous tes gestes précis, dominés et sereins.
Je comprends aujourd'hui, tu taillais un empire
Où je suis devenu un sculpteur de chagrin.
in "Que neige pas..."
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