Michel LE QUERE



Né en 1947 à Saint-Amand-Montrond dans le Cher. Enseignant depuis 1969 (Enfance en difficulté - Adepte de la Pédagogie Freinet). Membre d'Amnesty International France groupe 137 de 1982 à 1995. Autodidacte 1er prix de Sculpture au 18ème Salon International Artistique de Haute-Loire, Prix de Poésie de la Ville de Miribel 2000 et prix Constantin Castéropoulos 2000 pour son recueil " Que neige pas… "

Bibliographie :

Que neige pas...
Des cicatrices en sentinelle
Le mythe de la paroi
Attention tendresse
Sanguines
Passage obligé
Le fabliau de l'effrayance
L'amarre de soie

atelier michel le quéré sculpture
92, Faubourg de Lyon
01120 MONTLUEL

5 rue de la Fontaine
43700 ARSAC-EN-VELAY






LE TAILLEUR D'EMPIRE


Tu te souviens, Papa, tu taillais mes crayons,
Mes crayons de couleurs dans leur boîte de fer !
Ce moment maintenant, sans fin je le vénère.
C'est si loin quand j'étais ton tout petit garçon !

Tu sortais ton couteau, son beau manche en laiton
Où des chasseurs charmaient tout mon imaginaire,
Et dans ton coeur adroit de tailleur et de père,
Tu sculptais mon futur en plus de mes crayons.

Tu me disais de bien travailler à l'école,
Moi je fixais tes mains et buvais tes paroles.
Les crayons retrouvaient leur mine et leur sourire

Sous tes gestes précis, dominés et sereins.
Je comprends aujourd'hui, tu taillais un empire
Où je suis devenu un sculpteur de chagrin.

in "Que neige pas..."






NOVICIAT

aprends-moi à marcher dans ton cri invisible
dans les ruisseaux peureux
qui hésitent sous tes paupières
dans le sage estuaire de ta main
où je peux coucher ma joue quand tu voudras
apprends-moi à marcher
c'est difficile
quand on n'est qu'un arbre noir
dans la foule de ses frères en souffrance
apprends-moi à marcher
dans les obligations du discernement
là-bas dans le courroux assimilé
au-delà des neiges rougies
apprends-moi la résistance à la fusion
les fortifications contre l'osmose
les prénoms de la pierre
où tu aiguises ta carapace
apprends-moi à marcher
lance-moi dans ta vie
de toi à toi
trois petites tentatives d'éternité
prends-moi dans tes turbulences

je n'ai que onze mois
au compteur de ton existence

in " Le Mythe de la paroi"






PELERINAGE

à la mémoire de Jean Carmet

un bonheur d'attelage immobile
soi bien bien arrimé
en communion d'étoiles avec les yeux des invités
une table cossue sanglée dans le festif
un repas qui tient le corps
labourant pesamment la soirée
confortable et présent complices en confidences

fromage
une appellation qui donne soif
un Touraine rouge
timide
qu'on apprivoise
à moins que ce ne soit lui
quand tout à coup
à la porte
invisible alors qu'on ne voit que lui
debout dans ses yeux d'ange en paix avec les hommes
Jean
Jean de Bourgueil
pour atteler le bonheur qui l'attendait
et se mettre en route dans l'amitié

in "Le fabliau de l'effrayance"







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