Partenaires du Salon des Pays de l'AIN
GAZ de FRANCE
Stockage d'ETREZ
titre photo |
titre photo |
titre photo) |
|
Si la Bresse a été choisie pour stocker du gaz, c'est pour la qualité de son sous-sol aux couches de
sel exceptionnelles.
LA FORMATION DU SOUS-SOL DE LA BRESSE
Ce sous-sol a une longue histoire, qui se perd dans les soubressauts de la formation de notre planète.
Tout commence durant l'ère pri-maire, qui s'est terminée il y a environ 250 millions d'années. C'est à cette épo-que que de
gigantesques bouleverse-ments permettent la formation du Massif-Central qui était alors probablement plus élevé que les Alpes
d'aujourd'hui. Le Rhône, la Saône n'existaient pas, et en-core moins la Reyssouze ! Par contre, d'immenses fleuves descendaient
de ces montagnes à l'ouest et parcouraient notre région vers le nord-est. A cette époque, Europe, Asie et Amérique étaient encore
soudées et ne formaient qu'un gigantes-que continent. Mais peu à peu, elles vont se fracturer, et se déplacer.
Il y a 200 millions d'années, la mer venue de l'est envahie notre région, bloquée par les chaînes de montagnes du Massif-Central.
Seul, l'éperon lyonnais reste visible. Les grands fleuves déposent alors leurs sédiments au fond de cette mer. Au niveau de la Bresse
actuelle, des cordons d'argile isolent peu à peu des lagunes d'eau salée qui s'évaporent très vite (il fait extrêmement chaud à
cette époque). Le sel commence à se déposer au fond, alternant avec des couches de marnes arrachées aux montagnes par les cours
d'eau.
Au cours de la période suivante, le Jurassique, la région s'enfonce lente-ment, permettant à la mer de se creuser, de devenir
beaucoup plus profonde. Puis, au Crétacé, les mouvements de l'écorce terrestre provoquent l'apparition extrê-mement lente des Alpes
et du Jura. La mer se comble dans le sud, et les rivières viennent en partie déposer leurs sédi-ments " chez nous ". Un bras
de mer va se former entre Alpes naissantes et Mas-sif-Central vieillissant, qu'on appelle Fosse Vocontienne, et qui va recevoir
d'énormes couches de sédiments. La Bresse est toujours recouverte par la mer, mais cette dernière s'est déplacée vers le nord,
et recouvre tout le bassin parisien et le nord de l'Europe.
Et puis, il y a environ 35 millions d'années, les mouvements des Alpes vont s'amplifier nettement, pour leur donner la forme que
nous leur connaissons, formant un gigantesque fossé qui les sépare du vieux massif de l'ouest. Sous un climat redevenu aride, la
mer va recouvrir épisodiquement la région, les produits arrachés aux montagnes vont s'accu-muler au fond, surtout du sel qui
atteindra près de 1200 mètres d'épaisseur autour de Bourg en Bresse, et 700 vers Valence. Cela va durer jusqu'à il y a environ
5 millions d'années, période pendant laquelle le paysage que nous connaissons va se mettre progressivement en place. La région
va recevoir alors les couches de sel que l'on sait. Les diverses couches qui les recouvrent datent des périodes glaciaires
successives de l'ère quaternaire, quand d'immenses glaciers venus des Alpes recouvraient le sud de notre région. Ils barraient
la route à toutes les rivières allant vers la Méditerranée, qui formèrent alors un grand lac, le Grand Lac Bressan.
GEOLOGIE D'ETREZ.
Comme nous venons de le voir, le sous-sol d'Etrez, comme le reste de la région, se compose de différentes couches géologiques
accumulées au cours des millions d'années qui nous ont précédées.
Ces couches ne se sont bien entendu pas déposées uniformément partout, et cer-taines parties de la région ont des épaisseurs
de sel gemme plus importantes qu'ailleurs.
Le sous-sol d'Etrez peut se diviser de la façon suivante :
- de la surface du sol à la profondeur de - 400 mètres, on trouve une succession de diverses couches de sables, d'argiles,
de marnes, d'anhy-drides et de calcaires, et enfin une nappe aquifère.
- de - 400 m. à - 700 m., une importante couche de marne étanche.
- de - 700 m. à - 1100 m., une première épaisseur de sel gemme dans laquelle on trouve aussi de minces cou-ches d'argiles
diverses et d'anhydrides.
- de - 1100 m. à - 1350 m., une nouvelle couche étan-che de marnes et d'anhydrides.
- de - 1350 m. à - 1800 m., une couche de sel gemme beaucoup plus pur que celui de la couche supérieure. On n'y trouve pas
ou peu de couches intermédiaires.
Comme on le voit sur le croquis ( croquis "Gaz de France" ), les cavités de gaz sont implantées dans la couche profonde,
à plus d'un kilomètre et trois cents mètres de la surface.
STOCKER DU GAZ.
Tout d'abord, on peut se poser la question : pourquoi stocker du gaz, alors qu'il serait tout aussi simple de l'envoyer
directement dans les canalisations pour alimenter les consommateurs ?
La production nationale de la France en gaz naturel (9%) ne représente qu'un faible pourcentage de l'énergie nécessaire
pour satisfaire lesbesoins des habitants. Il faut donc s'approvisionner à l'étranger : Russie (32%), Algérie (27%), Norvège (18%),
Pays-Bas (14%).
Cet approvisionnement est constant tout au long de l'année, mais la consommation ne l'est pas. L'hiver, la demande est plus forte
que ce qui arrive sur le territoire na-tional, que ce soit par bateaux-méthaniers, ou gazoducs. Il faut donc stocker pour faire
face à la demande.
On a ainsi en France 14 sites de stockages souterrains : 11 d'entre eux sont réalisés en nappe aquifère (on injecte le gaz en
un point de la nappe où il se retrouve prisonnier, et on le récupère comme dans un gisement normal), et 3 sont en cavités salines,
comme à Etrez.
( Carte " Gaz de France )
C'est dans la couche de sel inférieure d'Etrez que Gaz de France stocke le gaz naturel. Mais pour stocker du gaz dans du sel,
il faut tout d'abord creuser des cavités pour les remplir ensuite de gaz. Comment fait-on ?
Le forage : On réalise tout d'abord un forage vertical pour pénétrer d'environ une dizaine de mètres dans la couche de sel
inférieure, à 1350 m. de la surface du sol. Des tubes en acier sont vissés les uns aux autres et enfoncés jusqu'au même niveau.
Du béton sous pression est envoyé entre ce tubage et le terrain, pour bien colmater, pour constituer un cuvelage. Puis le
forage est poursuivi jusqu'à -1500 m. environ, c'est-à-dire le fond de la future cuve. L'étanchéité du puits est vérifiée
sous contrôle du Minis-tère de l'Industrie.
Le lessivage : Un tube est alors descendu, qui conduira l'eau de lessivage jusqu'au sel. La remontée se fera entre ce tube et
les parois du tube (voir schéma). Le lessivage d'une cavité dure en moyenne 4 à 5 ans. Il se pratique avec de l'eau douce,
puisée dans la nappe phréatique située à 400 mètres sous la surface du sol. Injectée sous pression, cette eau dissout lentement
les parois de sel et remonte sous forme de saumure contenant 210 à 230 grammes de sel au litre. Dix mètres cubes d'eau douce sont
nécessaires pour dissoudre un mètre-cube de sel. Des calculs complexes ont permis de déterminer la forme et le volume de chaque
cavité, en forme de poire. Lors du lessivage, est injecté peu à peu du fioul entre le sel et le tube de lessivage : le fioul
freine la dissolution du sel, et permet en quelque sorte de " sculpter " la forme du réservoir.
Ce réservoir en forme de poire mesure une quarantaine de mètres de diamètre dans sa partie la plus large, et une centaine de
mètres de haut, pour un volume de 300 000 mètres cubes.
La saumure : Il n'est bien entendu par question de déverser la saumure dans la nature. Surtout que la quantité annuelle extraite
à Etrez avoisine les 2 millions de mètres cubes (à peu près 500 000 tonnes de sel). Cette saumure est expédiée par saumoduc
(canalisation enterrée), vers Poligny, où elle est enrichie en sel dans ses mines par la Compagnie des Mines de Sel de Poligny
(la concentration passe alors de 230 grammes à 330/340 grammes au litre), avant d'être expédiée, toujours en tuyaux, vers
Tavaux, aux usines Solvay, qui s'en servent pour la fabrication de nombreux produits chimiques. A noter qu'arrive ausi à Tavaux
le pipe-line d'éthylène en provenance de Viriat, et passant sous le territoire d'Attignat.
Exploitation de la cavité : Du gaz est alors envoyé sous pression dans la cavité, qui chasse le reste de saumure. Seuls tombent
au fond les 17% de rési-dus rocheux, les impuretés contenues dans les couches de sel. Il faut 6 mois pour remplir une cavité.
Après cela, elle est prête à être exploitée. Une vanne de sécurité, située à 25 mètres sous terre permet d'isoler chaque cavité
en cas de besoin. Dans les périodes de pointe, par grand froid, ou en cas de crise d'approvisionnement, le gaz est soutiré peu
à peu. Au fur et à mesure. Puis la cavité sera de nouveau remplie pour un prochain soutirage. En cas de forte de-mande, une cavité
peut être vidée en 25 jours, mais il en faudra 140 pour la rem-plir de nouveau.
Actuellement 14 cavités sont en exploitation à Etrez. Il est prévu de porter ce nombre à 22 en 2010. Ainsi, 3 nouveaux puits sont
actuellemnt en lessivage. Ce qui portera le volume maximum de stockage à 1,4 milliard de mètres cubes (dont 1 milliard utilisable
au soutirage). Quand on sait que la consommation de gaz naturel en France était de 34 milliards de mètres cubes en 1994, le stockage
d'Etrez peut paraître faible. Mais il représente quand même près de 10 jours de la consommation nationale en cas de besoin urgent.
Gaz de France a donc d'autres lieux de stockage, soit dans le sel, soit dans des nappes phréatiques prisonnières des plissements
naturels des sols. On en trouvera ci-contre la carte. Ils sont au nombre de 14, dans les régions les mieux adaptées à chacune des
deux méthodes : sel ou eau.
LA SECURITE.
Au niveau des cavités de stockage, il n'y a pratiquement aucun risque. Chacune d'elles est prise dans des strates géologiques
qui les confinent. Le sel et les marnes étant géologiquement stables, une cavité de gaz comme celles d'Etrez présente en fait
moins de risques qu'un gisement naturel comme celui de Lacq par exemple. Tout au plus pour-rions-nous avoir une fuite dans le
puits de forage et d'ali-mentation. Un jet de gaz sous pression jaillirait dans l'atmosphère. Il pourrait s'en-flammer, mais ne
serait alors dange-reux que dans un périmètre très restreint. Il suffit de ne pas s'en approcher !
Lorsque le gaz naturel sera amené dans les foyers, ce sera sous conduites de tubes en acier soudés les uns aux
autres. Pour que cet acier ne soit pas agressé par l'environnement (corrosion ou vibrations, voire déplacement faible des sols),
il est recouvert d'une matière hydrocarbonée ou de polyéthylène. De place en place, des ouvrages de surface sont construits, pour
contrôler le réseau, ou distribuer le gaz aux usagers. Les seuls problèmes de sécurité seront alors le non respect des consignes
en cas de creusement de tranchées par exemple (cela est arrivé 19 fois seulement en 18 an-nées, sur plus de 26000 km de canalisations).
Que se passe-t-il en cas de rupture d'une canalisation ?
Le gaz naturel étant sous forte pression, il s'échappe d'autant plus vite que la dé-chirure est importante. Il se dilue dans
l'atmosphère
très vite, étant plus léger que l'air, et non toxique. Mais la fuite produit un bruit intense. On a ensuite un jet de gaz.
Il peut bien entendu prendre feu, et forme alors une torchère, mais le feu ne peut en aucun cas se propager dans les tuyaux.
La chaleur dégagée peut être intense, il est déconseillé de s'en approcher.
En cas de fuite, ou d'inflammation, il est impératif d'avertir immédiatement les équipes spécialisées de Gaz de France
(numéro vert 08 05 24 61 02) où se trouve une permanence d'alerte toute l'année. Du canton de Montrevel, il est bien sûr possible
d'alerter le poste d'ETREZ (04 74 25 69 01). Alerter également les pompiers, et le Maire de la commune concernée.
R. Ferraris ( dossier réalisé pour le Bulletin Municipal d'Attignat, en 1999, en partie avec l'aide
de documents du Gaz de France)
|
| | | |