Philibert COLLET




Né à Châtillon-les-Dombes le 23 février 1643 d'une famille ancienne et connue, Collet entreprend des études classiques à Lyon, au collège des Jésuites. Il enseignera à son tour jusqu'à 22 ans, à Dôle et à Roanne. Puis il s'embarque pour l'Angleterre. De retour à Châtillon en 1668, il épouse en 1669 une nièce de l'Historien Guichenon, et entre dans la magistrature. Il achète en 1673 un office de substitut du procureur général au Parlement des Dombes, qui exercera pendant 20 ans, avant d'être admis en 1693 au Présidial de Bresse.

Parallèlement, il exerce des fonction "municipal" à Châtillon, et aura une conduite exemplaire durant le terrible incendie qui détruira une grande partie de cette ville en 1670, les 29 et 30 septembre (106 maisons sont la proie des flammes pendant deux jours). Il s'éteindra en 1718..

Philibert Collet rédigea des traités de jurisprudence, de botaanique ("Catalogue des plantes les plus considérables qu'on trouve autour de Dijon", Dijon, 1702), de nombreuses études régionales (par exemple "Remarques critiques de l'Histoire de Bresse et de Bugey" de son oncle Guichenon, restées manuscrites).
Inspiré par l'incendie de sa ville, il composa en vers latins un "Rolindeus sive Castelio restitua" (1673), bâti comme un épopée. Il s'y inscrit comme un moraliste catholique : l'incendie est le dénouement d'une suite de catastrophes parce que les habitants de la région ont renié leur foi ancestrale.


Passages du Rolindeus de Collet.

… Descivit maxima Roma
Pars, infandum, Bonnaei sectata favores.
Quo furos, heu, cives ruit ! Unde arcessere sacra
Atque inferre mihi ! Castae sic nomina matris,
Sic patrum pietas, sic tantis certa vilescit
Religio signis ! O nunquam, impune relictum
Numen, praecipites miseris accerse procellas,
Verte nigras febrium turbas, compesce parata.
Diluvia, exertos instant ni comprimis enses,
Et jam templa tenet contempti Lemnius ultor
Numinis, atque domos.

... Un très grand nombre se sépara de Rome, et, chose affreuse ! suivit le parti de François de Bonne. Où la fureur précipite-t-elle les citoyens ? Comment faire refenir et me restituer ces saintes partiques ? Est-ce ainsi qu'on avilit la renommée d'une mère chaste et pure, la piété des ancêtres, une religion attestée avec tant de certitude ? Jamais, ô Dieu, tu ne seras méprisé impunément. Appelle les tempêtes pour les précipiter sur ces misérables, lance les noirs cortèges de maladies, rassemble ces cataclysmes prêts à tomber. Si tu ne les retiens pas, les épées nues vont s'entrechoquer, et déjà Vulcain le vengeur de la Divinité prend possession des temples et des maisons... (vers 133 à 143)


... Ils s'enfuient, car l'incendie brille à leurs yeux et les planchers ont commencé à se disloquer par dessous, réduits en braise par la flamme qui crépite. Les malheureux, hagards, muets d'épouvante, n'ont pas le souci de leur mobilier, mais tremblants, ils ne songent qu'à arracher leurs chers petits de leurs berceaux, et les serrent avec amour sur leur poitrine, ce précaire abri... (partie 2, vers 21 à 25)





Conjugium, atque Araris ducunt ; hic namque maritum
Jungit Arar Rhodanum, et nomen de more reponit ;
Dotales comitantur aquas, dominaeque ministrant
Nymphae, quas Burgundos, Sebusiosque pererrant ;
Quas inter Cereris dives Calaronna, celerque
Eminet, hanc colui ;
Et Quamvis mihi gloria castae,
Castilio inde datum nomen, pergrata fuisset,
Hujus amor tenuit ripis et vallibus…


Il est une ville que l'on nomme Lyon, avec laquelle toutes les nations entretiennent un brillant commerce, à la fois celles que nourrit le Rhin bouillonnant et celles d'où s'éloigne le Nil dans son cours incertain ; et toutes s'empressent de célébrer la merveilleuse union du Rhône et de la Saône, car c'est ici que la Saône épouse les flots mâles du Rhône, et qu'elle perd son nom. Des nymphes en cortège procurent à leur maîtresse les eaux qu'elle apporte en dot, nymphes qui parcourent le territoire de la Bourgogne et de la Sébusie. Parmi celles-ci se distingue la fougueuse Chalaronne, riche des présents de Cérès, et c'est elle que j'ai prise en affection, et tout en me glorifiant d'être chaste (de là je tiens mon nom de Châtillon), je l'aime dans ses rives et ses vallons…






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