FRANCISQUE RENARD



Francisque Renard n'était pas originaire du département de l'Ain. Mais il fut séduit par les paysages du Revermont, et s'y établit.

- 1893 : Superstitions Bressanes
- 1895 : Sanceta, idylle bressane
- Les Prouesse agricoles de Jean Prosper, le bon fermier bressan.
- 1900 : Chemins Bressans

" Sanceta, forme patoise de Françoise, est la fille du père Denis et de la Phine, paysans aisés à force de labeur acharné, mais un peu trop âgés pour comprendre une adolescente de vingt ans. Denis possède un important domaine, la Caronnière, dans la commune de Verjon. C'est le pater familias rural, imposant une autorité implacable sur la domesticité, mais aussi sur femme et enfant. Par fierté, il a envoyé sa fille à Bourg poursuivre quelques études, mais celle-ci, revenue plus instruite, plus sensible sans doute, retrouve bien vite son âme de paysanne et participe avec joie à tous les travaux de la ferme et des champs. ..

Un jour, Sanceta, au cours d'une partie de pêche dans le Solnan, est sauvée de la noyade par un valet de ferme, Clément, un enfant trouvé, mais à la fois dur au travail et différent des autres par sa délicatesse. L'amour fait alors son œuvre, malgré les différences de classe… Une deuxième fois, Clément tire Sanceta d'un danger, face à un bœuf rendu furieux.

Sanceta alors pousse son amoureux à avouer au père Denis leur promesse réciproque. La réponse tombe, sans appel, conforme à la mentalité du milieu social et de l'époque… La mère Phine n'est pas moins impitoyable, et les supplications de Sanceta restent sans effet.
Désespéré, Clément part se placer en Bresse, dans une ferme éloignée, sans oser revoir Françoise. Celle-ci perd le goût de vivre, s'affaiblit de jour en jour, et quand les parents , la mère surtout, daignent regarder la vérité en face, il est déjà trop tard.
Un jour que Clément revient au village, il entend le clocher de l'église tinter un glas funèbre : c'est l'enterrement de Sanceta.
Lui-même finira ses jours à l'asile de Saint-Georges, près de Bourg, en composant inlassablement de blancs bouquets de fiançailles.

(Paul Guichard, in "Histoire Littéraire des Pays de l'Ain", tome 2, Ed. Bonavitacola)






Du regard, elle l'embrasse dans l'ensemble cette chaîne du Revermont, depuis Coligny, la coquette ville aristocratique et fière escaladant la montagne à l'abri de ses bois de pins, jusqu'à Treffort, masse blanche imposante, étincelant au soleil, au bout de la chaîne, avec ses allures de sous-préfecture, à l'aise dans ses murs bas. Entre ces deux chefs-lieux de cantons extrêmes, tout au long de la côte, les villages se sont ingénieusement tapis dans les gorges, entre les monts, à l'abri des vents. Par une fuyante perspective, on les voit s'enfoncer craintifs et modestes dans les flancs des montagnes, se coulant dans chaque échancrure.





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