TONY REVILLON



Né à Saint-Laurent-les-Macon en 1832, Antoine Révillon fait ses études à Mâcon, puis à Lyon. Il débute à al Gazette de Paris, et devient vite un ardent républicain. Il fera paraître plusieurs romans :

- Le Monde des Eaux (1860)
- Les Bacheliers (1861)
- La Belle Jeunesse de François Lapalud (1867)
- Le Bon Monsieur Jouvencel (1877)
- Les Voyages de Nicolas Fanton (1866)
- Le Faubourg Saint-Germain (1881)
- Les Convoitises (1878)
- Le Drapeau Noir (1878)
- La Séparée
- L'Exilé (1875)
- Les Dames de Neufve Eglise (1896)

En 1881, Tony Révillon fait son entrée en politique, en devenant journaliste dans l'équipe du Radical ; il fréquente alors des gens comme Jules Vallès, Jules Guesde, Rochefort, Clémenceau… Tous militent et luttent pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat, pour le droit de grève.
Tony Révillon décède en 1898.



Il était le père d'un autre Tony Révillon, né à Paris en 1891. Ce dernier est le fondateur de la République de l'Ain, en 1930. Député de l'Ain, de 1932 à 1935, puis sénateur de 1935 à 1945, il s'embarqua à bord du Massilia avec Pierre Mendès-France, Georges Mandel, Jean Zay, Yvon Delbos, Jean Giraudoux, et d'autres qui souhaitaient rejoindre l'Afrique du Nord pour continuer lutte contre les forces d'occupation allemandes.




Un îlot de maisons basses baigné d'un côté par la rivière, des trois autres par les vagues vertes des prairies bressanes ; pas de quai ; une grève couverte de bar-ques échouées, des filets suspendus à des piquets, du linge posé sur des cordes ; une rue droite ; trois ou quatre ruelles ; sur la place, le long des rues, le long de la rivière, des oies par bandes ; tel est Saint-Laurent.

Cette bourgade a son histoire. Nulle, dans les Gaules, ne résista plus bravement aux Romains d'abord, ensuite aux barbares. Les Bourguignons, maîtres alentours, ne purent jamais s'y établir qu'à demi : un article spécial de la loi Gombette laisse aux habitants de ce coin de la Bresse les deux tiers de leurs esclaves et le tiers de leurs propriétés. Les Huns et les Sarrasins traversèrent la Saône, sans séjourner sur ses bords. Sous les successeurs de Louis le Débonnaire, les Saint-Laurentins révoltés se donnèrent pour suzerains les sires de Beaugé ; plus tard, par alliance, ils allèrent aux ducs de Savoie ; ce n'est que sous Henri IV qu'ils devinrent Fran-çais. En 1789, on trouve Saint-Laurent parmi les petites communes les plus ar-dentes à revendiquer leurs droits ; mais en 1793, le vent du fédéralisme y souffle, venant de Lyon et, tandis qu'à Mâcon on promène, sous le nom de Déesse de la Raison, le fille d'un quincaillier, de l'autre côté de l'eau, on se fait dire la messe par un curé constitutionnel.

Vrais Gaulois, en effet, inconséquents, querelleurs, vantards, mais pleins de verve et de bravoure, aimant le danger, incapables de vivre dans leurs maisons et de travailler ailleurs qu'à la face du ciel, les Saint-Laurentins, montés sur leurs petits bateaux, passent leurs journées à descendre et à remonter le cours de la Saône. Ils pêchent. Dans une des piles de la grande arche du pont, une niche a été creu-sée, et dans cette niche, est une petite statue colorée de Saint Nicolas, patron des mariniers. Quand la pêche a été mauvaise, les Saint-Laurentins jurent comme des païens ; mais, arrivés devant l'image du saint, ils ne manquent jamais d'ôter leur bonnet et de faire le signe de la croix. Quelquefois ils interrompent au-dessus de l'arche un juron commencé, qu'ils achèvent ensuite au-dessous.




     Retour page ANTHOLOGIE