Texte original
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Traduction
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(Fructidor an II, sans nom d'auteur, imprimé sur deux pages,
archives de l'Ain, Documents Riboud, vol IX, pièce 26) |
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Texte original
Y et azeurdi la ple grin féta Qu'y aye din tui cheu canton ; Y' et azeurdi que l'on arréta Tui lou couquin, tui lou frepon. Is iron à la guellotena Pàyi lu mau qu'i nos in fa ; I faron ena fotia mena An espysan tui leu forfa. La probito yé la zeusteça Vont anfin revi indr'an chu lieu ; L'ipocresi'é la meleça An sin decampo avoué yeu. Bravo Bràyssan, fran patriote Que cheu bregan ont agoro Rezuissé-vo tui, sin-quelote, Boissé vin de lous infroumo. Viv'à zamai la répeubliqua Seu défansseu, la libarto ; Boissé va terasso la cliqua Que demando la rouyoto. Bravo Boissé, nutrou bon paira Qu'é venu pe no sécouri, T'é nutron anze tutélaira ; Sin té, no falive meuri. No graverin din la mémoire De tui neutr petios éfan Teu vartu, teu binfa, ta gloire E nutr' haina pe lou teran. |
Traduction
C'est aujourd'hui la plus grande fête Qu'il y ait dans tout ce canton ; C'est aujourd'hui que l'on arrête Tous les coquins, tous les fripons. Ils iront à la guillotine Payer les maux qu'ils nous ont faits ; Ils feront une triste mine En expiant tous leurs forfaits. La probité et la justice Vont enfin revenir en ce lieu ; L'hypocrisie et la malice En sont décampées avec eux. Braves Bressans, francs patriotes Que ces brigands ont malmenés, Réjouissez-vous tous sans culottes, Boisset vient de les enfermer. Vive à jamais la République, Ses défenseurs, la liberté ; Boisset va terrasser la clique Qui demanda la royauté. Brave Boisset, notre bon père Qui est venu nous secourir, Tu es notre ange tutélaire ; Sans toi, il nous fallait mourir. Nous graverons dans la mémoire De tous nos petits enfants Tes vertus, tes bienfaits, ta gloire Et notre haine pour les tyrans. |
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(contre les moines) Nous le sommes encor bien plus que vous peut-être De vous y posséder ; vous avez fait renaître Le bonheur et la paix qui fuyaient de ces lieux. Vous avez confondu des moines factieux, Qui voulaient égarer des citoyens stupides Que l'or ou des sermons rendent faibles, perfides. Ces moines contre nous voulaient les animer ; De sabres, de poignards ils voulaient les armer Pour défendre leurs biens et leurs vieux tabernacles ; Mais, Monsieur, votre voix a produit des miracles. Ces poignards sont tombés des mains de ces bourreaux, Et l'on vend aujourd'hui les biens nationaux. Les moines furieux en étouffent de rage. Ce coup a fait, dit-on, fort maigrir leur visage ; Dès longtemps à l'église ils ne paraissent plus. Monsieur Clerville acquiert pour deux cent mille écus De leurs biens. Notre Comte et l'Evêque en ces lieux vont paraître ; Ils me suivent de près ; ils viennent chez ton maître. Avec eux dans ce jour il doit se réunir Leur prêter de l'argent, les loger, les servir. Monseigneur près d'ici possède une abbaye ; C'est pour la conserver qu'une troupe aguerrie, Par différents chemins arrive dans ces lieux ; Et c'est moi qui conduis ces hommes courageux. L'Evêque est l'aumônier de la troupe chrétienne, Le Comte est général et je suis capitaine. Nous allons tout tuer, nous n'épargnerons rien. Tu sais tout ; mêle-toi parmi ces gens de bien ; Tu trouveras comme eux l'intérêt et la gloire, Je t'engage : reçois deux louis pour boire. (Epître dédicatoire à Thérèse) Qu'un autre vende à la richesse Et son hommage et son encens, Et qu'il célèbre avec bassesse Les sots, les rois et les tyrans. Moi qui ne sens pour eux qu'une haine mortelle, Qui méprise leur or, leurs titres et leurs rangs, Je vais offrir mes vers aux vertus, aux talens. Thérèse, des vertus vous êtes le modèle ; Vous avez mille attraits qui captivent mes sens ; Thérèse, c'est à vous que j'offre mon hommage, Et que je consacre mes chants. Daignez recevoir mon ouvrage ; Je l'embellis de votre nom. Ah ! si mon trop faible crayon Pouvait y tracer votre image, Combien je le rendrais intéressant et beau ! Mais vous seuls pouvez tracer votre tableau : Quoique très jeune encor dans l'art divin d'Appelles, Vous sûtes acquérir de la célébrité ; L'amour qui vous chérit vous a prêté ses ailes Pour arriver plus tôt à l'immortalité. |
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