ECRITS ET PAMPHLETS REVOLUTIONNAIRES



" Au milieu des bouleversements politiques et sociaux qu'a engendré la Révolution, à un moment où les esprits éclairés voient chanceler une société et remettre en question des principes ancestraux, le loisir, et sans doute aussi le coeur manquent pour qu'on s'adonne à une littérature désintéressée. On ne rédige plus guère que des ouvrages de combat. Comme l'éloquence, la poésie se nourrit des querelles d'hommes et de classes, s'anime des enthousiasmes et des haines, incapable le plus souvent de revêtir une forme artistique et rarement apaisante...

Il est hors de doute que de nombreux textes, anonymes pour beaucoup, ont été perdus, ou dorment encore dans quelque malle oubliée...

Ceux qui sont accessibles, sont dans des dossiers d'archives, ou ont été rapportés dans des ouvrages de recherches, de compilations. Même si certains sont de faible valeur littéraire, ils sont tous par contre d'un grand intérêt sur les moeurs de l'époque, sur la vision des choses de celui (ou de celle) qui a couché sur le papier ses sentiments." (d'après Paul Guichard)

Nous en livrons donc quelques-uns à la curiosité du lecteur.



Claude Bornarel était vicaire du village de Fitignieu.
Né en 1760 dans le Valromey, il fut élève au collège de Belley chez les Dominicains de Lyon. Fitignieu dépendait du curé de Champagne, acquis aux idées révolutionnaires. Beaucoup de membres du bas clergé pensaient de même, confrontés à la pauvreté de chaque jour. Bornarel devait prêter le serment civique, puis se rétracter et s'exiler dans le Piémont où il décède en 1795 d'une maladie contagieuse.
Il est surtout connu pour deux chansons "révolutionnaires" :

- Chanson sur les gens de Justice
- Chanson sur les privilèges (que nous donnons ci-dessous).


Contre les Nobles (air de Biron)


Texte original


Elé ! pore Dzinti,
Què vos étès à plindre !
Vorindré san marci
On vo forç' à vos rindre.
Lo deputa dè France,
A Versaill'assimbla,
I fon dè rèmontrance
Què vo fon toui trimbla.

Vo què meprèjié tan,
Què traita de canaill
Lo pore pàyisan
Què pàyon tan de taille,
Vorindré, mo bon drôlo,
Quemin zo vo pàyré,
E sou le mémo rôlo,
Magra què vo'n aré.

Los Eta-Génerau
Dou peu^l'arin pedia.
Lo sarvis é lo lo
Sarin toui rètrincia.
Broula votre viaou titrè ;
Le tin passo n'ê plu ;
Remindos-in lo vitrè ;
Pana-vos-in le cu.

Notron Ray bianfesan,
Human è caritablo,
A, dinpoué quatorz'an,
Affrancia so taillablo ;
Vos in fura fâcia,
Vos in grondira toui ;
Mai vo saré forcia
Dè farè quemin loui.

Sin por d'étrè tua,
Los anemeu sarvazo
Venon din notro bla
Farè dè grin ravazo
No lo farin bin la chasse
Dè la bona façon,
E no nè farin grace
Po mém'à leu pinzon.

E faudra reforma
Lo fainàyan de moino ;
E fau éto tapa
Seu lo gro çanoino.
Los incoura utilo
No sarin consarvo ;
E lo dzin inutilo
Sarin toui seprima.

Per vo le Tier-Eta
N'a pas gran pouletessa ;
On nè fa poin dè ca
Dou titrè dè noublessa.
No vo sin toui simblablo,
Quan bin vos éte gran ;
Per étrè miserablo,
No valin bin atan.

On va bin continta
Le peuplo miserablo.
On va vindrè lo sa
A ou pri resonablo.
E poui in consequance
Lo farmié génerau
Sarin bani dè France,
Lo gapian avoué zo

Moncho los intindan,
Gran, petio, dè province,
Récevau imboulan.
Toui dzin sin consiince,
Gardo-vo bin d'attindrè
La fin dè l'assimbla ;
Car é vo faudra rindre
To cè qu'aré vola.

Lo dzin dè parlamin
E lés atre jestice
Font in leu dzuzemin
To plin dés injestice ;
Mai i sarin dzuzia
A leu tor, Di marci,
E no sarin vindzia
Dè leu fripounèri.

Vive le Tier-Eta !
Vive le Ray de France !
Vive la libarta !
Vive l'indepindance !
Nos obèyrin sin péna
A tote bone lày :
Mai vore poin dè dzéna !
No nè volin qu'on Rày !


Traduction


Hélas ! pauvres Nobles,
Que vous êtes à plaindre !
Maintenant sans merci
On vous force à vous rendre.
Les députés de France
A Versailles assemblés
Y font des remontrances
Qui vous font tous trembler.

Vous qui méprisez tant,
Qui traitez de canailles,
Les pauvres paysans
Qui paient tant de tailles,
Maintenant, mes bons drôles,
Comme eux vous payerez,
Et sur le même rôle,
Malgré que vous en ayez.

Les Etats Généraux,
Du peuple auront pitié.
Les servis et les lods
Seront tous retranchés.
Brûlez vos vieux titres ;
Le temps passé n'est plus ;
Réparez-en les vitres ;
Torchez-vous-en le cul !

Notre Roi bienfaisant,
Humain et charitable,
A, depuis quatorze ans,
Affranchi ses taillables ;
Vous en fûtes fâchés,
Vous en grondâtes tous ;
Mais vous serez forcés
De faire comme lui.

Sans peur d'être tués,
Les animaux sauvages
Viennent dans nos blés
Faire de grands ravages ;
Nous leur donnerons la chasse
De la bonne façon,
Et nous ne ferons grâce
Pas même à leurs pigeons.

Il faudra réformer
Les fainéants de moines ;
Il faut aussi taper
Sur les gras chanoines.
Les curés utiles
Nous seront conservés ;
Et les gens inutiles
Seront tous supprimés.

Pour vous le Tiers-Etat
N'a pas grande politesse ;
On ne fait point de cas,
Des titres de noblesse.
Nous vous sommes tous semblables
Bien que vous soyez grands ;
Pour être misérables,
Nous valons bien autant.

On va bien contenter
Le peuple misérable.
On va vendre le sel
A un prix raisonnable.
Et puis en conséquence,
Les fermiers généraux
Seront bannis de France,
Les recors avec eux.

Messieurs les intendants,
Grands, petits, de province,
Receveurs ambulants,
Tous gens sans conscience,
Gardez-vous bien d'attendre
La fin de l'Assemblée ;
Car il vous faudra rendre
Tout ce que vous aurez volé.

Les gens des parlements
Et les autres justiciers
Font en leurs jugements
Beaucoup d'injustices ;
Mais ils seront jugés
A leur tour, Dieu merci;
Et nous serons vengés
De leurs friponneries.

Vive le Tiers-Etat !
Vive le Roi de France !
Vive la liberté !
Vive l'indépendance !
Nous obéirons sans peine
A toutes bonnes lois ;
Mais à présent plus de gêne !
Nous ne voulons qu'un Roi !







LA JUSTICE DU PEUPLE
(après la chute de Robespierre)

Eh ! quoi, toujours de crimes en crimes,
Veut-on égarer les Français ?
Verrons-nous toujours les victimes,
Souiller jusques à nos succès ?
Vous, dont les haines implacables
Répandent le sang des humains
Même en frappant de grands coupables,
Vous n'êtes que des assassins !

Où donc des lois est la puissance ?
Et de quel droit punissez-vous ?
Aux scélérats point de clémence ;
Mais sont-ils livrés à vos coups ?
Pourquoi prévenir leur supplice ?
Qui vous établit leurs bourreaux ?
Le meurtre est-il une justice ?
Et les prisons des échafauds ?

Effacez des scènes horribles,
Des fastes de l'humanité ;
Plus que jamais soyez terribles ;
Mais soyez-le avec dignité.
Massacrez l'homme sans défense !
Du crime servir les fureurs !
Ô dieux ! quelle atroce vengeance,
Que celle des Septembriseurs !

Et quand ainsi les terroristes
Vous abattez l'affreux pouvoir,
Voyez, voyez les royalistes
Lever un front brillant d'espoir
De leurs complots et de leur nombre
Osez-vous braver les hasards ?
Et parmi vous, glissés dans l'ombre,
Ne craignez-vous pas leurs poignards ?

Voulez-vous sauver la Patrie ?
Ralliez-vous à son sénat ;
Loin pour jamais la tyrannie,
Le pillage et l'assassinat !
Battus des flots et de l'orage
Tous menacés de même sort,
Sauvons le vaisseau du naufrage,
Nous nous embrasserons au port !

(Fructidor an II, sans nom d'auteur, imprimé sur deux pages,
archives de l'Ain, Documents Riboud, vol IX, pièce 26)






AMENEE D'ALBAN A LA PRISON DE BOURG
(air : Le réveil du Peuple)
(après les arrestations des amis de Robespierre)


L'infâme Alban, l'anthropophage
Nous dévorait avec fureur,
Et rien n'assouvissait sa rage,
C'étoit un monstre destructeur ;
Oui, ce féroce et sanguinaire
Doit suivre Désisles et Marat ;
En épargnant ce téméraire,
C'est laisser vivre un scélérat.

Ce magistrat avoit coutume
De frapper le fer au marteau,
Prenant le peuple pour enclume,
Il le frappait en vrai bourreau ;
Que de victimes enchaînées
A l'échafaud il immola !
Que de femmes enchaînées !
Et que, par lui, de sang coula !

Ce sang fume encore sur la terre ;
Il dégoutte encore de ses mains.
Ces assassins pleins de colère,
Auroient détruit tous les humains ;
Mais le peuple enfin se ranime
Pour terrasser ces égorgeurs ;
Frappons tous les auteurs du crime
Pour mettre fin à nos malheurs !

Que de cimetières en France,
Que de cadavres entassés,
Si, de ces brigands, la puissance
Renaissoit comme aux temps passés !
Peuple abas la dernière tête
Qui tient encore à la terreur :
Peuple, tiens ta massue prête
Pour écraser ton oppresseur.

(in : Documents Riboud, vol IX pièce 26, Archives de l'Ain)





SAINSON BRESSANDE FATE LE 24 THERMIDOR AN 2 A BOURG


Texte original


Y et azeurdi la ple grin féta
Qu'y aye din tui cheu canton ;
Y' et azeurdi que l'on arréta
Tui lou couquin, tui lou frepon.

Is iron à la guellotena
Pàyi lu mau qu'i nos in fa ;
I faron ena fotia mena
An espysan tui leu forfa.

La probito yé la zeusteça
Vont anfin revi indr'an chu lieu ;
L'ipocresi'é la meleça
An sin decampo avoué yeu.

Bravo Bràyssan, fran patriote
Que cheu bregan ont agoro
Rezuissé-vo tui, sin-quelote,
Boissé vin de lous infroumo.

Viv'à zamai la répeubliqua
Seu défansseu, la libarto ;
Boissé va terasso la cliqua
Que demando la rouyoto.

Bravo Boissé, nutrou bon paira
Qu'é venu pe no sécouri,
T'é nutron anze tutélaira ;
Sin té, no falive meuri.

No graverin din la mémoire
De tui neutr petios éfan
Teu vartu, teu binfa, ta gloire
E nutr' haina pe lou teran.


Traduction


C'est aujourd'hui la plus grande fête
Qu'il y ait dans tout ce canton ;
C'est aujourd'hui que l'on arrête
Tous les coquins, tous les fripons.

Ils iront à la guillotine
Payer les maux qu'ils nous ont faits ;
Ils feront une triste mine
En expiant tous leurs forfaits.

La probité et la justice
Vont enfin revenir en ce lieu ;
L'hypocrisie et la malice
En sont décampées avec eux.

Braves Bressans, francs patriotes
Que ces brigands ont malmenés,
Réjouissez-vous tous sans culottes,
Boisset vient de les enfermer.

Vive à jamais la République,
Ses défenseurs, la liberté ;
Boisset va terrasser la clique
Qui demanda la royauté.

Brave Boisset, notre bon père
Qui est venu nous secourir,
Tu es notre ange tutélaire ;
Sans toi, il nous fallait mourir.

Nous graverons dans la mémoire
De tous nos petits enfants
Tes vertus, tes bienfaits, ta gloire
Et notre haine pour les tyrans.








ANONYME (de Bourg en Bresse)
Mandement de M. Lamourette
(soi-disant évêque métropolitain de Lyon)
février 1791

Vous que Dieu par un heureux choix
Met sous ma discipline,
Apprenez aujourd'hui mon droit
Et suivez ma doctrine.
Je suis évêque de Lyon,
La faridondaine,
La faridondon ;
Tous vos électeurs m'ont choisi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Voici mon premier mandement ;
Vous en verrez bien d'autres.
Lisez-les tous assidûment,
Plus que ceux des apôtres.
Les miens sont sur un meilleur ton,
La faridondaine,
La faridondon ;
Ils seront beaucoup mieux écrits,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Mes paroles, écoutez-moi,
Seront autant d'oracles.
Mes vertus vous en feront foi,
Je suis homme à miracles.
J'en ferai de toute façon,
La faridondaine,
La faridondon ;
Je serai thaumaturge ici,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Je remplacerai dignement
Saint Pothin votre apôtre,
J'effacerai facilement
Saint Irénée et autres.
Eux tout près de moi tomberont,
La faridondaine,
La faridondon ;
J'ai plus de zèle et plus d'esprit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Hélas ! depuis quinze cents ans
L'Eglise est sans lumière ;
Je suis déjà par mes talents
Le flambeau qui l'éclaire.
En paroissant sur l'horizon,
La faridondaine,
La faridondon,
J'ai dissipé la sombre nuit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Que de changements dans Lyon
Jadis si catholique !
Mais, grâce à mes savants sermons,
A demi schismatique,
Il le deviendra pour de bon ;
La faridondaine,
La faridondon ;
Je l'aurai bientôt converti,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Je vous rapporte quelques traits
Du grand saint Chrysostome ;
Ils vous paroissent faits exprès
Pour les prélats qu'on nomme.
Pour appuyer leur mission,
La faridondaine,
La faridondon ;
Du bon françois je les traduis,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

De Chalcédoine les décrets
Approuvent ma conduite ;
A tout venant mais par extraits,
Bien ou mal je les cite.
L'ignarant croit que j'ai raison,
La faridondaine,
La faridondon,
Et tout le clergé m'applaudit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Tout honneur, tous respects sont dûs
A la nouvelle Eglise ;
Mous sommes tous les vrais élus,
Quoique Marbeuf en dise.
Aux évêques de sa façon
La faridondaine,
La faridondon,
D'Autun donne le Saint-Esprit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

On dit que des nouveaux prélats
Rome frappe la tête ;
Mon cœur n'appréhendera pas
La foudre qui s'apprête :
Je suis dans sa communion,
La faridondaine,
La faridondon,
Au pape n'ai-je pas écrit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Il verra bien par mon latin
Que je suis savant homme,
Et que je suis beaucoup plus fin
Que les docteurs de Rome.
Je sais mon Credo tout au long,
La faridondaine,
La faridondon ;
C'est tout ce qu'il faut aujourd'hui,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Moquons-nous sans front, sans pudeur
Du pape et de sa bulle ;
Quoiqu'il soit souverain pasteur,
Il faudra qu'il recule.
Depuis ma consécration,
La faridondaine,
La faridondon,
Je suis évêque et pape aussi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Qui ne me reonnoîtra pas
Est sûr de ma disgrâce ;
Il faudra marcher sur mes pas
Pour être mis en place.
Curés, vicaires pleureront
La faridondaine, La faridondon,
Hors les jureurs qui m'ont suivi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Taillard, Ponson, Renaux, Ferrier,
Vont être mes vicaires.
Chacun dans ce nouveau métier
Fera bien ses affaires.
Ils savent le tour du bâton,
La faridondaine,
La faridondon,
Ces quatre prêtres sont instruits,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Je vous donnerai des pasteurs
Suivant le nouveau rit,
Avares, ivrognes, jureurs,
Et tous gens de mérite.
Faites-leur vos confessions,
La faridondaine,
La faridondon,
Et vos péchés seront remis,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Du célibat le préjugé
Leur est insupportable ;
Chacun d'eux se sent destiné
Au joug le plus aimable.
Renaux dit su'ils se marieront,
La faridondaine,
La faridondon,
Qu'ils seront prêtres et maris,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Vous aurez des prédicateurs
Plus brillants que Neuville ;
Ils prêcheront, ces grands docteurs,
Mon nouvel évangile.
Suivant la Constitution,
La faridondaine,
La faridondon,
Mon peuple sera bien instruit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Nous suivons tous Luther, Calvin
De très sainte mémoire ;
Ils m'ont aplani le chemin
Qui conduit à la gloire.
En suivant leur religion,
La faridondaine,
La faridondon,
Nous irons tous en paradis,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.

Prions tous enfin que la loi
Règne dans nos provinces ;
Prions aussi pour notre roi,
C'est le meilleur des princes.
De notre Révolution,
La faridondaine,
La faridondon,
Tous les décrets il a souscrit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.


M. DUPUIS (1791)

L'Artiste patriote ou la Vente des biens nationaux

"Dupuis, jeune peintre et poète, fils d'un marchand de Bourg, a donné au théâtre français comique et lyrique, sur le boulevard, au coin de la rue de Bondy, une pièce (L'Artiste patriote) relative à la Révolution, en cinq actes et en vers, qui a eu quelque succès. Elle est annoncée dans la Gazette universelle de M. Cerisier, du 7 août 1791. L'auteur avait joué la comédie à Bourg en société et aurait voulu débuté aux Français? Je l'avais recommandé à La Rive, notre plus célèbre acteur ; mais on n'était pas content de son organe. Il avait peint les décorations pour sa pièce."
(article de Jérôme Lalande, dans son journal)



Enfin notre auguste Assemblée,
Par ses soins et ses travaux,
A la France longtemps troublée
Rend le bonheur et le repos.
En vain nos ennemis perfides
Voudraient encor signaler leurs fureurs :
Français, soyez grands, unis, intrépides,
Et vous serez toujours vainqueurs.

Enfin la liberté chérie
Règne à jamais dans nos foyers ;
Français, défendez la patrie,
Soyez tous citoyens, guerriers.
Et les vils tyrans de la terre
Trembleront tous au seul nom de Français.
Ils ont osé vous déclarer la guerre,
Ils vous demanderont la paix.




(contre les moines)

Nous le sommes encor bien plus que vous peut-être
De vous y posséder ; vous avez fait renaître
Le bonheur et la paix qui fuyaient de ces lieux.
Vous avez confondu des moines factieux,
Qui voulaient égarer des citoyens stupides
Que l'or ou des sermons rendent faibles, perfides.
Ces moines contre nous voulaient les animer ;
De sabres, de poignards ils voulaient les armer
Pour défendre leurs biens et leurs vieux tabernacles ;
Mais, Monsieur, votre voix a produit des miracles.
Ces poignards sont tombés des mains de ces bourreaux,
Et l'on vend aujourd'hui les biens nationaux.
Les moines furieux en étouffent de rage.
Ce coup a fait, dit-on, fort maigrir leur visage ;
Dès longtemps à l'église ils ne paraissent plus.
Monsieur Clerville acquiert pour deux cent mille écus
De leurs biens.




Notre Comte et l'Evêque en ces lieux vont paraître ;
Ils me suivent de près ; ils viennent chez ton maître.
Avec eux dans ce jour il doit se réunir
Leur prêter de l'argent, les loger, les servir.
Monseigneur près d'ici possède une abbaye ;
C'est pour la conserver qu'une troupe aguerrie,
Par différents chemins arrive dans ces lieux ;
Et c'est moi qui conduis ces hommes courageux.
L'Evêque est l'aumônier de la troupe chrétienne,
Le Comte est général et je suis capitaine.
Nous allons tout tuer, nous n'épargnerons rien.
Tu sais tout ; mêle-toi parmi ces gens de bien ;
Tu trouveras comme eux l'intérêt et la gloire,
Je t'engage : reçois deux louis pour boire.




(Epître dédicatoire à Thérèse)

Qu'un autre vende à la richesse
Et son hommage et son encens,
Et qu'il célèbre avec bassesse
Les sots, les rois et les tyrans.
Moi qui ne sens pour eux qu'une haine mortelle,
Qui méprise leur or, leurs titres et leurs rangs,
Je vais offrir mes vers aux vertus, aux talens.
Thérèse, des vertus vous êtes le modèle ;
Vous avez mille attraits qui captivent mes sens ;
Thérèse, c'est à vous que j'offre mon hommage,
Et que je consacre mes chants.
Daignez recevoir mon ouvrage ;
Je l'embellis de votre nom.
Ah ! si mon trop faible crayon
Pouvait y tracer votre image,
Combien je le rendrais intéressant et beau !
Mais vous seuls pouvez tracer votre tableau :
Quoique très jeune encor dans l'art divin d'Appelles,
Vous sûtes acquérir de la célébrité ;
L'amour qui vous chérit vous a prêté ses ailes
Pour arriver plus tôt à l'immortalité.




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