ANONYME (de Bourg en Bresse)
Mandement de M. Lamourette
(soi-disant évêque métropolitain de Lyon)
février 1791
Vous que Dieu par un heureux choix
Met sous ma discipline,
Apprenez aujourd'hui mon droit
Et suivez ma doctrine.
Je suis évêque de Lyon,
La faridondaine,
La faridondon ;
Tous vos électeurs m'ont choisi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Voici mon premier mandement ;
Vous en verrez bien d'autres.
Lisez-les tous assidûment,
Plus que ceux des apôtres.
Les miens sont sur un meilleur ton,
La faridondaine,
La faridondon ;
Ils seront beaucoup mieux écrits,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Mes paroles, écoutez-moi,
Seront autant d'oracles.
Mes vertus vous en feront foi,
Je suis homme à miracles.
J'en ferai de toute façon,
La faridondaine,
La faridondon ;
Je serai thaumaturge ici,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Je remplacerai dignement
Saint Pothin votre apôtre,
J'effacerai facilement
Saint Irénée et autres.
Eux tout près de moi tomberont,
La faridondaine,
La faridondon ;
J'ai plus de zèle et plus d'esprit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Hélas ! depuis quinze cents ans
L'Eglise est sans lumière ;
Je suis déjà par mes talents
Le flambeau qui l'éclaire.
En paroissant sur l'horizon,
La faridondaine,
La faridondon,
J'ai dissipé la sombre nuit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Que de changements dans Lyon
Jadis si catholique !
Mais, grâce à mes savants sermons,
A demi schismatique,
Il le deviendra pour de bon ;
La faridondaine,
La faridondon ;
Je l'aurai bientôt converti,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Je vous rapporte quelques traits
Du grand saint Chrysostome ;
Ils vous paroissent faits exprès
Pour les prélats qu'on nomme.
Pour appuyer leur mission,
La faridondaine,
La faridondon ;
Du bon françois je les traduis,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
De Chalcédoine les décrets
Approuvent ma conduite ;
A tout venant mais par extraits,
Bien ou mal je les cite.
L'ignarant croit que j'ai raison,
La faridondaine,
La faridondon,
Et tout le clergé m'applaudit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Tout honneur, tous respects sont dûs
A la nouvelle Eglise ;
Mous sommes tous les vrais élus,
Quoique Marbeuf en dise.
Aux évêques de sa façon
La faridondaine,
La faridondon,
D'Autun donne le Saint-Esprit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
On dit que des nouveaux prélats
Rome frappe la tête ;
Mon cœur n'appréhendera pas
La foudre qui s'apprête :
Je suis dans sa communion,
La faridondaine,
La faridondon,
Au pape n'ai-je pas écrit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Il verra bien par mon latin
Que je suis savant homme,
Et que je suis beaucoup plus fin
Que les docteurs de Rome.
Je sais mon Credo tout au long,
La faridondaine,
La faridondon ;
C'est tout ce qu'il faut aujourd'hui,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Moquons-nous sans front, sans pudeur
Du pape et de sa bulle ;
Quoiqu'il soit souverain pasteur,
Il faudra qu'il recule.
Depuis ma consécration,
La faridondaine,
La faridondon,
Je suis évêque et pape aussi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Qui ne me reonnoîtra pas
Est sûr de ma disgrâce ;
Il faudra marcher sur mes pas
Pour être mis en place.
Curés, vicaires pleureront
La faridondaine, La faridondon,
Hors les jureurs qui m'ont suivi,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Taillard, Ponson, Renaux, Ferrier,
Vont être mes vicaires.
Chacun dans ce nouveau métier
Fera bien ses affaires.
Ils savent le tour du bâton,
La faridondaine,
La faridondon,
Ces quatre prêtres sont instruits,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Je vous donnerai des pasteurs
Suivant le nouveau rit,
Avares, ivrognes, jureurs,
Et tous gens de mérite.
Faites-leur vos confessions,
La faridondaine,
La faridondon,
Et vos péchés seront remis,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Du célibat le préjugé
Leur est insupportable ;
Chacun d'eux se sent destiné
Au joug le plus aimable. Renaux dit su'ils se marieront,
La faridondaine,
La faridondon,
Qu'ils seront prêtres et maris,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Vous aurez des prédicateurs
Plus brillants que Neuville ;
Ils prêcheront, ces grands docteurs,
Mon nouvel évangile.
Suivant la Constitution,
La faridondaine,
La faridondon,
Mon peuple sera bien instruit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Nous suivons tous Luther, Calvin
De très sainte mémoire ;
Ils m'ont aplani le chemin
Qui conduit à la gloire.
En suivant leur religion,
La faridondaine,
La faridondon,
Nous irons tous en paradis,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
Prions tous enfin que la loi
Règne dans nos provinces ;
Prions aussi pour notre roi,
C'est le meilleur des princes.
De notre Révolution,
La faridondaine,
La faridondon,
Tous les décrets il a souscrit,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
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