Guillaume de la Tayssonnière


Les archives concernant Guillaume de la Tayssonnière ont disparu, et déjà Samuel Guichenon eut du mal à réunir sur lui des indications fiables. Il semble être issu d'une famille fort ancienne de Bresse et de Dombes. Orphelin très jeune, Guillaume de la Tayssonnière eut la chance de bénéficier d'appuis importants, et reçut une éducation soignée, intelectuelle, artistique, et militaire. Mais ce sont les Lettres qui l'attirèrent, et il produisit quelques ouvrages qui eurent du succès :

- Amoureuses Occupations.
- Des remèdes contre toutes les perturbations de l'âme et passions du corps (traduit de Sénèque).
- Le Dialogue de l'Homme et du Pou (traduit de Ludovico Pulci)
- L'Institution du serviteur domestique.
- Le Compost arithmetical, lequel monstre a trouver promptement par la plume le nombre d'or, l'epacte, l'indication, lettre dymanchale, etc. (1567)
- La Sourdine royale sonnant le bouteselle, l'acheval et a l'estandart, a la noblesse catholique de France, pour le secours de nostre Roy tres-chretien Charles IX. (1569)
- Brieve Arithmetique fort facile a comprendre (1570)
- Les principaux Fondemens d'arithmetique. (1571)
- Attiffet des damoizelles, premiere et plus importante piece de leur embellissement. (vers 1575)
- Nouvelle et facile methode d'arithmetique, conforme a l'Edit de sa Majesté, par lequel on pourra faire tous comptes a ecus et parties d'icelui. (1579)



Je le tenois par ses mains ivoirines,
Demi honteux d'avoir tant de faveur,
Voire et baisant ses levres corallines...

Amoureuses Occupations



Obliray-je cest albastre
Qui rondissoit dans son sein
Quand fretillant tout foulatre
J'y voulois mettre la main ?

Amoureuses Occupations



En me baisant de tes levres jumelles
Mignardement tu m'as emply le coeur
De tels appats qu'arteres et moelles
Sont enflammées de tant chaude vigueur.

Amoureuses Occupations



Heureus verger auquel ma nimfe heureuse
Heureusement va se beautés ornant
De mainte fleur, mainte fleur precieuse
Que tu produits le printans retornant :
En toi souvent madame rigoureuse
Au chant du jour de son luth va sonant
Sonet de joye et moi pres de la Sone
Las, rien que plaints, et que pleurs je ne sonne.

Amoureuses Occupations



D'où vient une telle fureur, d'où vient une telle manie,
Pauvres gens aveuglés ? Quel faux daemon manie
L'esprit de noz seigneurs, s'opposant à leur Roy
Pour vivre en liberté et rejetter la loy ?
Est-ce ainsi comme il faut que son règne florisse,
D'enfraindre ses edicts, mespriser sa justice,
Et faire pesle-mesle un cahos par les champs
De Princes, de Seigneurs, d'Artizans, de Marchands
Armez d'un corcellet, flanquez d'une allumelle
Eschangeans à du plomb l'argent de l'escarcelle,
Pour jetter tout en l'air, et convertir en rien,
En meurtrissant autruy, et soy-mesme et son bien ?

Sourdine royale



Tant peu que vous sçaurez de si belle science
Donra merveilleux lustre à vostre heureuse essence,
D'autant que cela sert d'honorable plaisir,
Et d'occupation en paresseux loisir,
Qui eslève l'esprit à sçavoir la nature
De ces corps composez, desquels le ciel a cure :
Laissant l'opinion du Sybarite argueux
Qui ne veut que la femme ait l'oeil devers les cieux,
Luy defandant la lettre et la science honneste,
Afin que comme luy elle demeure beste,
Sans sçavoir a ny b, sinon pour menager,
Faire bouillir un pot, apprester a manger,
Faire pestrir la paste, et couler la lessive,
Sans etre plus avant qu'au menage entnetive :
Ce que j'approuve bien pour une de lieu bas,
Mais pour une grande'dame, on ne l'en prise pas ;
Il luy suffit assez de commander et dire
Sa sage volonté, puis ne laisser de lire,
Et de passer le temps avec l'honnesteté
Que je vous ay prescript, fuyant l'oisiveté.

Attiffet des Demoiselles
leur enjoignant d'apprendre l'astronomie.






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