Texte original
Minia é sono à Polliat,
Alins y vay, ce qu'è y a.
Y ét arevo quoque meroclio ;
Catan le couart' à la paray,
Léchan u lia noutra perège,
E alin vay se y-ét on Ray.
Y ét on Ray ceertinaman,
Lo Fi de Di, lo To-Puessan.
Elo ! que l'é bin miseroblo,
Cuça su na punia de fan
Coman na béte dan l'étoblo !
Qu'é m'an fa mau de cel enfan !
Maneyo-lo, l'é to zelo.
E fau çorcè per lo çarfo ;
Alo çorcè ena buçaille
Avoui trays u quatro sarman ;
Alo çorcè ena buçaille
Qu'é vé cé lo monsu Lauran.
Nos an trovo per lo çarfo ;
No fau çorcè per lo tréto :
E fau fore de pau-belette
Avoui cinq u si matafan,
Per cela More que l'alette,
De farena de pur froman.
A San Zosé, cho bon veillar,
E no fau li baliè de lar,
On petio de noutra beuvanda.
Elo ! que l'amerè bin mieu,
Per aroso sa pouvra langa,
De bon vin vieu é du melieu.
Adi vo di, noutron bon Ray,
No vo balian bin lo bon say ;
Se vo nos an trovo capoblo,
Escuso-no per ceta fay ;
Lou payisan ne son po noblo,
No faran mieu en' autra fay.
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Traduction
Minuit est sonné à Polliat,
Allons-y voir ce qu'il y a.
Il est arrivé quelque miracle ;
Jetons les couvertures à la muraille,
Laissons au lit notre paresse,
Et allons voir si c'est un Roi.
C'est un Roi certainement,
Le Fils de Dieu, le Tout-Puissant,
Hélas ! qu'il est bien misérable,
Couché sur une poignée de foin,
Comme une bête dans l'étable !
Qu'il me fait mal (que j'ai pitié) de cet Enfant !
Maniez-le, il est tout gelé.
Il faut chercher pour le chauffer ;
Allez chercher une bûchette
Avec trois ou quatre sarments ;
Allez chercher une bûchette
Qui est chez le Monsieur Laurent.
Nous avons trouvé pour le chauffer ;
Il nous faut chercher pour le traiter.
Il faut faire des bouillies blanches,
Avec cinq ou six matefaims,
Pour cette Mère qui l'allaite,
De farine de pur froment.
A Saint-Joseph, ce bon vieillard,
Il nous faut lui donner du lard,
Un peu de notre buvande.
Hélas ! qu'il aimerait bien mieux,
Pour arroser sa pauvre langue,
Du bon vin vieux et du meilleur.
Adieu vous dis, notre bon Roi,
Nous vous donnons bien le bonsoir ;
Si vous nous en trouvez dignes,
Pardonnez-nous pour cete fois ;
Les paysans ne sont pas nobles,
Nous ferons mieux une autre fois.
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