Le Livret de l'Enlumineur




Le Livret de modèles dit de Gôttingen

0n a retrouvé à Gôttingen, avec l'exemplaire de la Bible portant le même nom, un petit livret, guide de l'enlumineur et du rubricateur, expliquant par le menu comment "décorer" l'exemplaire de l'ouvrage. Il semble que toutes les Bibles sorties des presses de Gutenberg aient ainsi eu leur livret de recommandations pour les enluminures. Certes, celles-ci diffèrent d'un exemplaire à l'autre, selon les désirs des souscripteurs, et l'argent qu'ils étaient prêts à investir dans l'entreprise, mais on a un départ commun pour tous : la manière de fabriquer les couleurs, comment obtenir certaines teintes en utilisant plusieurs couches de couleurs, comment donner du relief, comment se procurer les pigments, et les travailler...



Le feuillage sera d'abord tracé d'un trait fin ou en pointillé. Ensuite, on repassera finement avec de l'encre liquide ou du noir liquide. On lustrera avec un morceau d'ivoire, et la couleur pourra être ainsi appliquée doucement, pas trop fortement.Ensuite, on peindra avec les couleurs, au pinceau, rouge clair d'un côté, et vert clair de l'autre côté du feuillage. Les deux couleurs vont bien ensemble, un côté rouge et l'autre vert, comme sur l'exemple, ou à l'inverse, au choix. Prendre ensuite du rouge foncé, pour le passer sur le rouge clair. On peut répéter l'opération. Faire de même avec du vert foncé à passer sur le vert clair. Puis prendre un pinceau dur, avec du rouge foncé...



... et retracer la nervure centrale, qui est dans le milieu du rouge plus clair, et en vert foncé la nervure qui est dans le vert clair, comme c'est montré sur l'exemple. Puis, avec du rouge foncé délayé au creux de la main, ou dans un récipient, avec de la colle à l'eau, et repasser pour que cela devienne réellement plus fluide. Passer ainsi pour un côté du feuillage, et de l'autre avec du vert foncé qu'on aura délayé avec de l'eau de source.
Reprendre du rouge foncé, mélangé à la colle, pas trop épaisse, ...

... mais pas trop fluide non plus, pour qu'il coule facilement du pinceau. Avec ça, tu ombres le rouge clair, avec de l'eau rougie, par petites touches, comme on le montre ici. Puis prendre du vert foncé, avec de l'eau de source. Tu ne mélanges pas avec le doigt, mais tu laisses se dissoudre tout seul, jusqu'à devenir aussi épais que de l'encre légère. Avec ça, tu ombres le vert, avec cette eau vert foncé, comme pour le rouge.
Ensuite tu prends du blanc de plomb, qui peut être délayé, et avec lui, tu tapotes le rouge clair avec une brosse, sur les parties ombrées du feuillage, les touches de blanc étant de plus en plus fines...




... Faire ensuite des points dans le vert, même dans la nervure centrale., et pour cela, prendre du jaune de plomb trempé avec de la colle à l'eau, pour qu'il glisse aisément sur le pinceau ou la brosse. Le jaune n'est pas destiné aux parties rouges, mais au vert.Il va mieux sur le vert, c'est meilleur. Tu tapotes le jaune de plomb sur les parties vertes du feuillage, comme cela a été fait avec le blanc sur les parties rouges. C'est montré ici...

... Argent et pourpre sont deux couleurs qui vont très bien ensemble sur un feuillage, une à droite et l'autre à gauche. Tu dois d'abord dessiner le feuillage au crayon noir, puis le retracer et enfin tu peins un côté avec l'argenté, l'autre avec le pourpre, comme on le montre, ou à l'inverse, selon ton choix...

... Prends ensuite du rouge et souligne le pourpre et l'argent, avec une brosse, et dessine une double nervure au milieu de la feuille, comme c'est montré.
Puis, preds encore du rouge foncé et éclaircis le avec de la colle liquide, juste pour avoir un rouge clair, comme décrit plus haut, et peins les deux couleurs et ombre les comme décrit.
Puis reprends le rouge foncé et ombre le rouge clair. Enfin, tu tamponnes le pourpre avec du blanc de plomb, et l'argent avec du jaune de plomb, comme il est montré sur le dessin...




...Le bleu et l'or sont deux couleurs qui vont très bien ensemble, une à gauche, l'autre à droite. Ici aussi, tu dois d'abord dessiner le feuillage. Pour cela, tu traces avec un crayon ou une fine mine noire, puis tu polis. Ensuite tu peins avec le bleu ou avec l'or, un côté bleu, l'envers or, comme tu le veux, comme il est montré. Puis tu traces les contours avec du rouge foncé, tout autour des deux couleurs. Ensuite tu prends de nouveau du rouge foncé, très peu à la fois, et tu ombres les deux couleurs, dans le même sens que l'argent et le pourpre. Puis tu ombres avec le même rouge...

Le livret original compte quelques 23 pages,
entièrement dédiées à la façon de réalisées les enluminures des différentes pages de la Bible.





Le livret de modèles date de la moitié du 15eme siècle, et fut conservé dans un monastère. Il arriva à Göttingen en 1770, avec la bibliothèque de Johann Friedrich Armand von Uffenbach.
C'est un livre peint pour le dessin des feuilles, initiales et lettrines enluminées dans différentes combinaisons de couleurs ; chaque fois, la composition des couleurs est décrite en détail. Ce livret des descriptions des décorations peut être rencontré dans la première période d'impression dans plusieurs bibles de Gutenberg, comme dans la version de l'exemplaire de Göttingen.
Si on compare les exemples avec les enluminures de la Bible, et si on pratique des tests micrographiques, on s'aperçoit que les superpositions ou les délayages de couleurs correspondent exactement aux instructions du livret.

Ce livret donne une idée précise du travail des enlumineurs des manuscrits médiévaux, travail précis, difficile, de longue haleine, mais donnant des résultats remarquables.




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