Traduction
I
Voulez-vous savoir un'chanson
D'une fille, puis d'un garçon ?
La fille s'appelle Marion,
Elle demeure au village d'amont
Elle demeur' chez Chanel à Bel-Air.
Joseph Bouvard la va souvent voir.
II
Comment fait-il pour l'aller voir ?
Il passe en aval de la mare,
Puis il traverse le verger,
Criant : "Marion, viens donc m'ouvrir ?
Je suis venu voir, ce soir,
Si tu voulais te marier avec moi."
III
Marion Raffour lui a répondu
D'un air bravement résolu :
Si c'était ton frère François,
Je l'aimerais bien mieux que toi,
S'il m'avait parlé comme toi,
Je lui aurais déjà bien dit que oui.
IV
Marion Raffour, tu ne sais donc pas
Que mon frère François ne t'aime pas.
Moi qui t'ai toujours tant aimée,
Pourquoi ne veux-tu pas m'aimer ?
Moi qui t'ai fait l'amour pendant un an
Est-il possible de croire que tu ne m'aimes rien ?
V
Tout en passant le bourg de Crau,
Joseph Bouvard se mit à chanter :
C'est le fille à Merle-des-Œufs,
Je l'aurai bien quand je voudrai :
Toutes les fois que je lui en ai parlé,
Jamais son père ne me l'a refusée.
VI
Qui est-ce qui a composé cette chanson ?
C'est les garçons d'amont
En buvant chez Mimi Raton
Par chopine, et chopinon,
Ils ont bien dépensé vingt-cinq francs
Pour composer cette chanson.
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I
Veli-vous chava na séchon
De na feille pi don gachon ?
La feille ch'appala Marion,
Le reste u velazou d'amon.
Le reste vé Chauné, à Bala.
Jouzé Bouva la va chouvè va.
II
C'me teu qu'y fa pe l'allô va ?
Y pauche pe d'ava la ma,
Pi y travacha lou verzi,
Creïe : "Marion, vin don m'uvri ?
Ze si venu va, cheti cha,
Che te velie t'mariau avoua ma."
III
Marion Raufou l'y a répondu
De n'air brauvamé rejoulu :
Sè yère ton frère Frècha,
Ze l'amera bin moi que ta.
Si m'ave parlô cuemè ta
L'y ara dezia bin de que oua.
IV
Marion Raufou, te ne chau don pau
Qu'mon frère Frecha ne t'ame pau.
Ma que t'a touzou tè amau,
Prequa ne vu te pau m'amau ?
Ma que t'a fè l'amou pèdè n'è
Teu bin de crare que t'n'me ame rè.
V
Tout è pauchè pe lou bou de Crau,
Jouzé Bouva che betau à chètau :
E la feille à marlou dè Juè,
Ze l'are bin què zè vedre :
Tui lé ce que z'li è n'e parlau,
Jame chon père ne me l'a refujau.
VI
Teu qu'a compeujau che la shèchon ,
Eyë leu gachon du d'amont
E bevè vé Mimi Raton
A shau sheupene, sheupenon,
Lon bin dépèchau vingt-chin fron
Pe compeu Jau che la shéchon.
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