I
Elo ! Qu'ai-ze don dan la téta ?
Ze crày que ze si amoireu.
Mày qu'ai torzo éto on feu,
De tui lou lian fassan la féta,
Me faudra-t-eu bin sopiro
Pre na bolia du Pon de Vau ?
II
L'é bin brova, bin amiteusa ;
L'a bin d'aimo, l'é bin meudo.
M'ét avi, la guétian modo,
Qu'ey é rin-na lourieusa.
Tui lou meygna, an la veyan,
Son d'asseteu sou cortijan.
III
Queman li der' à lià soléta
Que zamai n'amerai que lia ?
Vin co devan que l'allo vày,
Z'y ave betu dan ma téta ;
Mai quan ze velive parlo,
Ma lingu'ère tot amborbo.
Traduction
I
Hélas ! qu'ai-je donc dans la tête ?
Je crois que je suis amoureux.
Moi, qui ai toujours été fou,
De tous les côtés faisant la fête,
Me faudra-t-il bine soupirer
Pour une fille de Pont-de-Vaux ?
II
Elle est bien jolie, bien amicale ;
Elle a de l'esprit, elle est bien mise.
M'est avis, la regardant marcher,
Que c'est une reine glorieuse.
Tous les garçons; en la voyant,
Sont aussitôt ses courtisans.
III
Comment lui dire à elle seule
Que jamais je n'aimerai qu'elle ?
Vingt fois avant de l'aller voir,
J'avais mis cela dans ma tête ;
Mais quand je voulais parler,
Ma langue était tout embourbée.
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