I
A Saint-Nizier on dit qu'il y a
Une bouillaude malade.
Elle est malade dans son lit
Sans savoir la raison pourquoi.
II
Il faut aller à Chalamont
Pour quérir Monsieur Merle ;
Ce médecin connaîtra bien
Où la maladie se tient.
III
Quand Monsieur Merle l'eut tâtée,
Il dit à la bouillaude :
Si un ami vous a margottée,
C'est lui qui aura fait tout le mal.
IV
Je ne crois pas que mon ami
M'ait rendue malade :
Depuis six mois qu'il est parti
Je ne lui ai jamais reparlé.
V
Ne serait-ce pas de ce temps
Que la maladie pousse ?
Contez-moi ça, ne cachez rien,
Je veux savoir d'où elle vient.
VI
C'est le soir de la Saint Nizier,
Que derrière notre écurie
Pour pouvoir mieux nous margoter,
Nous allâmes nous promener.
VII
Quand il m'eut margottée son saôul
Il me jeta par terre,
Puis s'y jeta tout comme moi,
Sans dire la raison pourquoi.
VIII
C'est ce que j'avais pensé
Marmotta Monsieur Merle ;
Pour mourir, il n'y a pas de mal
Il y en a gros pour vous marier.
IX
De celui qui vous a caressée
Faut devenir la femme ;
Un autre serait père en trois mois,
Sans savoir la raison pourquoi.
X
Quand vous irez vous promener,
Vous autres, jeunes filles,
Ne vous laissez pas margotter
Il n'y a rien qui fasse tant de mal.
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I
A Sè Nezi on dit qu'è-ya
Na bouillauda malada.
Al le malada dè chon lia,
Sè chava la rajon prequa.
II
Et faut allau à Shalamon
De quezhi monsu Marlou,
Cho médecin cougnatra bin
Tie que la maladie che tin.
III
Què monsu Marlou l'u toteau
Y di à la bouillauda,
Che n'ami vou ja margoutau
E lui qu'azha fait tout lou mau.
IV
Ne crayou pau que me n'ami
M'aïe rèdia malada,
Depi si ma que le moudau
Ne l'y ai jamais reparlau.
V
Ne sezhe pau de cho tein
Que la maladi poche ?
Contau me cè, ne cashau rien,
De vu chava de qui le vin.
VI
E lou cha de la Sè Nezi
Que deri neutra buzhe
Pe pouva moi nou margouton
Nou j'allizhin nou premenau.
VII
Qué y m'u margoutau chon seu
Y me cali pe tarra,
Pi s'y cali tou quemè ma
Sè dezhe la rajon prequa.
VIII
Eye sè que d'ava péchau
Marmouti monsu marlou ;
Pe mezhi sè n'a pan de mau
Il y en a gros pour vous marier.
IX
De cho que vou j'a cazhècha
Faut dèveni la fena ;
N'autron sezhe pézhe è tra ma
Sè chava la rajon prequa.
X
Què vou z'izha vou premenau
Vou j'autre zheune felie
Ne vou lachau pau margoutau
E n'a rè que fa té de mau.
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