I
Virginie, les larmes aux yeux,
Je viens t'y faire mes adieux.
Nous partons pour l'Amérique
Nous allons droit au couchant
Ma petite Virginie,
Nous mettons la voile au vent.
II
La voile au vent, mon cher aimant
Pour moi quel désagrément.
S'il venait quelque naufrage,
La tempête ou le mauvais temps,
Briseraient ton équipage,
Je resterais fille sans aimant.
III
Virginie, ma bien aimée,
Oh ! va, ne crains pas le danger,
Car 'en suis fort bon pilote ;
Je connais fort bien le vent
J'en conduirai notre barque
Tout comme un vaillant marin.
C'était, il y a cinquante ans ( vers 1860 ),
la chanson populaire par excellence de la Bresse.
Tout le monde la savait et on la chantait
dans toutes les réjouissances : noces, baptêmes, vogues, revoles.
Les conscrits s'en servaient aussi comme de chanson de marche.
Ajoutons encore qu'on la rencontrait
dans la bouche des enfants lorsque,
le premier dimanche de mai, ils faisaient le tour du village,
en portant un cerisier ou mai.
Ils fêtaient ainsi, sans s'en douter,
la renaissance de la vie végétale.
|